France 2
Léa Salamé, ici sur France 2, mercredi 10 septembre 2025.
MÉDIAS – « Félicitations pour ce journal d’Ancien Régime, pour ce journalisme de cour. » Ces mots, ce sont ceux des représentants syndicalistes de la CGT de France Télévisions qui, au lendemain du 10 septembre, déplorent le traitement de la mobilisation nationale au 20 heures de France 2, « en passe de gagner le concours du journal le plus réactionnaire ».
« Pour tenter de gagner le Graal de la meilleure audience devant TF1 », la direction du groupe « semble avoir misé sur tout ce qu’il y a de plus rance du spectre des opinions politiques », peut-on lire dans le communiqué, qui déplore l’absence totale de retour sur les raisons de la colère à l’origine de cette journée de blocages.
Rien sur les inquiétudes liées aux services publics, aux transports ou celles exprimées par les lycéens. Rien non plus sur les critiques de l’austérité, des inégalités et du déni démocratique, alors même que 50 % des Français se sont exprimés en soutien à cette mobilisation « visant à mettre la France à l’arrêt », d’après un récent sondage YouGov pour Le HuffPost.
Un « étalage des moyens de répression » policière
À la place ? Un focus trop important, selon la CGT, sur le dispositif policier, sorte « d’étalage des moyens de répression que pourront utiliser les policiers, comme s’ils n’avaient en face d’eux que des casseurs, des voyous et des black blocs, et non des citoyens avec des revendications légitimes ».
« Dire que les forces de l’ordre ont “appris des gilets jaunes à être plus efficaces”, sans rappeler que depuis que Macron est au pouvoir la répression policière n’a jamais été aussi violente, avec des dizaines de personnes mutilées et éborgnées, et même trois personnes tuées depuis 2015, c’est tourner le dos à cette population française qui continue de défendre le droit légitime de manifester », continuent les syndicalistes.
Ce mercredi, plusieurs actions imputées aux fonctionnaires de police pendant les manifestations ont interpellé l’opinion publique, dont des tirs de gaz lacrymogène devant une école maternelle du 20e arrondissement de Paris et d’autres sur des cyclistes, ou encore l’expulsion d’une députée d’un bar et l’arrêt brutal d’un duplex de franceinfo pour un contrôle d’identité.
Un journal « pitoyable »
Une enquête a par ailleurs été ouverte afin de déterminer des circonstances dans lesquelles un restaurant près des Halles a pris feu. « Il pourrait s’agir d’un départ de feu involontaire lié à l’intervention des forces de l’ordre », a déclaré la procureure de Paris Laure Beccuau. Une grenade de gaz lacrymogène en direction de l’établissement après une charge policière a peut-être été lancée.
« Pour clore le tout, ce journal pitoyable se termine par l’onction du cardinal Bustillo, un Richard Gere en soutane, qui nous prie de sortir de la lutte des classes », conclut la CGT. Avant d’ajouter : « Quel mépris pour les citoyens qui regardent le 20 heures, et pour les journalistes qui continuent de faire leur travail dans l’adversité. »
À l’occasion du mouvement « Bloquons tout », pas moins de 850 actions et 262 blocages ont été comptabilisés par le ministère. La CGT a, elle, recensé plus de 250 000 manifestants sur tout le territoire. Une « journée très réussie », d’après sa secrétaire générale Sophie Binet, qui appelle à remettre le couvert pour la seconde journée de mobilisation prévue dans une semaine, le 18 septembre.