Aux alentours de 16 heures, ce mercredi 10 septembre, alors que le mouvement « Bloquons tout » bat son plein dans la capitale, un incendie ravage un restaurant coréen situé rue Saint-Denis, dans le quartier des Halles (Ier), avant de se propager à la façade de l’immeuble situé juste au-dessus. Selon les premiers éléments de l’enquête confiée à la Sûreté Territoriale, dévoilés par le parquet de Paris ce jeudi, une grenade lacrymogène lancée par les forces de l’ordre pour disperser des manifestants serait bel et bien la cause du départ de feu.

L’engin « aurait atterri sur la véranda du restaurant, explosé et enflammé un morceau de toile. Les flammes se seraient ensuite rapidement propagées à l’intérieur de l’établissement et sur la façade d’un immeuble adjacent qui était recouverte de végétation artificielle », indique le parquet.

VidéoParis : l’incendie accidentellement causé par la police ?

« En l’état de nos informations, il pourrait s’agir d’un départ de feu involontaire lié à l’intervention des forces de l’ordre pour faire face à des regroupements denses et particulièrement hostiles dans le secteur des Halles », avait déjà indiqué la procureure de Paris Laure Beccuau lors d’un point presse mercredi en fin de journée. Une enquête pour « dégradation par incendie » a été immédiatement ouverte « afin de vérifier dans quelles circonstances le feu a pris ».

Un quartier sous tension

L’intervention rapide des sapeurs-pompiers de Paris a permis de maîtriser l’incendie vers 16h20. Par chance, aucun blessé n’est à déplorer. Le laboratoire d’expertise incendie a été dépêché sur place pour procéder aux constatations techniques nécessaires.

Ce jeudi matin, le préfet de police a tenu à contextualiser les conditions d’intervention de ses hommes. Dans une interview, il a rappelé que les policiers intervenaient pour « riposter » et « repousser des individus cagoulés qui projetaient des pierres, des pavés sur les forces de l’ordre ». Une justification qui fait écho aux nombreuses tensions observées dans la capitale lors de cette journée de mobilisation nationale.

Au moment exact où le feu s’est déclaré, vers 16 heures, la situation était déjà explosive dans tout le quartier de Sébastopol. Les policiers ont chargé et usé massivement de gaz lacrymogène pour faire reculer les manifestants et les empêcher d’accéder aux Halles. Des poubelles ont été brûlées et des barricades ont été édifiées. Rue Berger, à proximité, nous observions des échauffourées et matraquages. Le quartier de Châtelet était alors complètement bouclé.

Une heure avant, à 15 heures, la préfecture de police de Paris avait également demandé la fermeture complète du centre commercial Westfield de Châtelet les Halles. Une consigne qui valait tant pour les boutiques intérieures qu’extérieures. Cette décision drastique faisait suite à des appels aux pillages sur les réseaux sociaux.

Le mouvement « Bloquons tout », né sur les réseaux sociaux à l’été 2025, appelait à une grève générale et à un blocage du pays ce 10 septembre pour protester contre les mesures d’austérité du gouvernement de François Bayrou. À Paris comme dans plusieurs grandes villes, la journée a été marquée par des heurts entre manifestants et forces de l’ordre. Selon le ministère de l’Intérieur, 175 000 personnes ont participé aux manifestations à travers le pays, dont plusieurs milliers à Paris. La CGT a, de son côté, estimé la mobilisation à 250 000 participants.