Pour une poignée de (milliards) de dollars, les riches ont un nouveau shérif. Larry Ellison a profité de l’envolée boursière de son entreprise Oracle pour devenir mercredi l’homme le plus riche du monde, devant Elon Musk. Sa fortune est désormais estimée à un peu moins de 400 milliards de dollars, contre environ 385 pour le patron de SpaceX et Tesla. Lui est bien moins célèbre que son désormais challenger, mais n’en reste pas moins à part. Grâce à son ascension, sa personnalité mais aussi ses idées politiques.

Parti de rien… ou presque

C’est le type de « success-story » dont raffolent les Américains. Celle d’un enfant né en 1944 à New-York, dans le Bronx, qui a gravi les échelons grâce à son travail. Lawrence Joseph Ellison ne partait pourtant pas avec les meilleures cartes quand il a été abandonné par sa mère à l’âge de neuf mois. Son oncle et tante prennent alors le relais et l’élèvent à Chicago. Le garçon ne montre alors pas un goût très développé pour les études. Mais l’informatique, balbutiant à l’époque, le passionne et l’attire en Californie au milieu des années 1970. Il y devient programmateur pour une société d’électronique. L’une de ses premières missions ? Développer une base de données pour la CIA nommée… « Oracle ». Le projet échoue mais lui retente sa chance, en 1977, en cofondant une entreprise spécialisée dans les systèmes de gestion de données. Avec 2.000 dollars de mise dont seulement 1.200 sortis de sa proche ! Près de cinquante ans plus tard, « Oracle Corporation » est aujourd’hui valorisée à plus de 650 milliards de dollars. Le désormais octogénaire (81 ans) en possède maintenant 41 %, après avoir quitté son poste de PDG en 2014.

La société, leader de l’informatique à distance, a aussi pris parfaitement le virage du cloud et de l’intelligence artificielle (IA). Révolution en laquelle il croit et n’y voit, quasiment, aucune limite. « On pourra faire de la détection de cancer en utilisant l’IA sur des prélèvements sanguins », a-t-il assuré. En cas d’identification d’une tumeur, il sera possible de développer « un vaccin adapté spécifiquement à votre cancer, disponible en quarante-huit heures. C’est la promesse de l’IA. » Des déclarations chocs qui collent à sa personnalité.

Exubérant, « bad boy », trublion…

Larry Ellison laisse peu de personnes insensibles à son sujet. Professionnellement, l’homme d’affaires n’est pas le plus apprécié, la faute à des méthodes commerciales impitoyables. Et dans sa vie privée, le milliardaire ne se prive d’aucune exubérance. Exemples ? L’achat de la quasi-totalité de l’île hawaïenne de Lanai en 2012, contre 300 millions. Ou la construction d’un château inspiré de l’architecture médiévale japonaise… en Californie. Sans oublier les acquisitions d’un immense yacht, de nombreuses voitures de luxe ou encore de multiples et immenses propriétés aux États-Unis. Il touche aussi au monde du sport en étant le propriétaire du tournoi de tennis d’Indian Wells et, un temps, du défi Oracle qui avait remporté la coupe de l’America à la voile. Celui qui aime cultiver l’image d’un « bad boy » arrogant ne se refuse rien, ce qui peut agacer ses détracteurs. Dernier exemple, le trublion est brièvement apparu dans le film Iron Man 2, en jouant son propre rôle.

Fan et allié de Trump

Sympathisant républicain de longue date, Larry Ellison s’est rapproché de Donald Trump dès la première campagne présidentielle du promoteur immobilier. Il avait même placé des cadres d’Oracle dans l’équipe chargée en 2016 de préparer la prise de fonction du désormais président des Etats-Unis. Dont il est désormais très proche, au contraire d’Elon Musk qui s’en est éloigné. Début janvier, l’octogénaire a été reçu à la Maison-Blanche avec d’autres patrons pour le projet Stargate. Celui-ci prévoit de construire aux États-Unis des méga data centers dédiés à l’intelligence artificielle, ainsi que des centrales électriques. « Le centre que nous bâtissons sera le plus grand ordinateur jamais construit », a promis Larry Ellison, jamais avare d’un bon mot.