Ce samedi 19 avril 2025, sur la dalle, les policiers patrouillent le long du cours Kennedy. Une unité de force mobile est là pour renforcer la sécurité du quartier de Villejean. Une présence qui se veut dissuasive.
La veille, une nouvelle fusillade a, en effet, éclaté dans le quartier, sur fond de trafic de stupéfiants. Vers 17 h 30, trois individus ont fait irruption dans le Subway de la dalle Kennedy. Armés d’un fusil automatique et de deux armes de poing, ils ont ouvert le feu et blessé par balles trois personnes. Un quatrième individu a, lui, été renversé par le véhicule des agresseurs.
« Dès que la police sera partie, ils reviendront »
Des faits qui ont choqué les habitants. « Ça fait peur à tout le monde, explique la jeune Aïcha (prénom d’emprunt), qui habite le quartier depuis une dizaine d’années. Ça devient de plus en plus violent. Ce n’est pas rassurant. Ils n’ont même pas peur de la police ». Jacques, lui, passe dans le quartier régulièrement avant de prendre le métro : « Ça devient un peu craignos. Je me pose la question de savoir si je ne vais pas m’organiser autrement et éviter le secteur à partir de maintenant ».
Le plus inquiétant, c’est pour les jeunes qui arrivent. Ils ne vont pas avoir le choix que de vivre avec ça. Il fallait agir bien avant. Maintenant c’est trop tard.
Un renoncement auquel beaucoup se refusent : « J’ai choisi de rester ici car ma vie est ici, témoigne Annick, 79 ans, qui vit depuis 46 ans dans le quartier. Ce n’est pas à nous de déménager. Il y en a marre. Ces gens-là ont tous les droits. Ils ne se cachent même plus. Actuellement, la police est là. C’est bien. » Mais jusqu’à quand ? « Nous n’avons pas de visibilité en termes de moyens supplémentaires au-delà de la fin du week-end », a indiqué, vendredi, le préfet de région et d’Ille-et-Vilaine, Amaury de Saint-Quentin. « Dès que la police sera partie, ils reviendront », sait Annick.
« On ne sort plus avec nos enfants en fin de journée »
Même son de cloche pour Chantal, qui presse le pas pour faire ses courses : « Le plus inquiétant, c’est pour les jeunes qui arrivent. Ils ne vont pas avoir le choix que de vivre avec ça. Il fallait agir bien avant. Maintenant, c’est trop tard. Mais ce n’est pas une situation qui est propre à Rennes. Ça existe malheureusement partout en France ». Une inquiétude partagée par Élias : « On se demande à tout moment ce qu’il peut nous arriver ».
« On ne sort plus avec nos enfants en fin de journée, déplore, de son côté, Alison. On essaie de rentrer le plus tôt possible. » « On est malheureusement obligés de vivre comme ça, regrette, lui aussi, Pierre, fataliste. On n’a pas le choix . »