C’est, pour le moins, un personnage controversé. Ce jeudi, Peter Mandelson, ambassadeur britannique aux Etats-Unis a été démis de ses fonctions après avoir été rattrapé par l’affaire Epstein. Un point noir dans le parcours de ce vétéran du parti travailliste dont les manœuvres et fréquentations avaient déjà entaché la carrière par le passé.
Pourtant, ce poste avait été présenté par certains comme convenant parfaitement à cet ancien ministre et commissaire européen, une figure incontournable de la politique britannique dans les années 1990 et 2000.
Seulement sept mois en poste
A sa nomination, le Premier ministre britannique Keir Starmer avait mis en avant l’« expérience inégalée » de Peter Mandelson, qui devait permettre de « renforcer encore le partenariat » entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis.
Son retour remarquable avait cependant suscité des interrogations à cause de son parcours politique mouvementé. Ayant pris ses fonctions en février, il ne sera resté à ce poste extrêmement prestigieux que sept mois.
« Meilleur ami » de Jeffrey Epstein
Evincé à 71 ans, il est tombé en raison de ses liens avec le délinquant sexuel Jeffrey Epstein, mort en prison en 2019 avant d’avoir été jugé.
Le financier américain le qualifiait même de « meilleur ami » en 2003. En 2008, Peter Mandelson avait envoyé au financier américain des mails de soutien alors que ce dernier était poursuivi en Floride pour trafic de mineures.
Le dernier événement est une chute infamante pour celui qui fut, dans les années 1990, l’un des architectes du « New Labour » de centre gauche de Tony Blair. Elu député pour la première fois en 1992, il a été son directeur de campagne aux élections de 1997.
« Le prince des ténèbres »
A l’époque, son influence est telle qu’il est surnommé le « Prince des ténèbres ».
Mais déjà, cet homme de réseaux, parfois abrupt, est rattrapé par ses fréquentations. Il a dû à deux reprises quitter des fonctions officielles.
La première fois en 1998, alors ministre du commerce de Tony Blair, pour ne pas avoir déclaré un prêt immobilier obtenu d’un collègue, et la deuxième fois, en 2001, alors qu’il est ministre pour l’Irlande du Nord, après avoir été accusé d’avoir facilité la demande de passeport d’un milliardaire indien, ce dont il sera finalement disculpé.
Réélu aux législatives de 2001, il déclare dans son discours de victoire : « Ils m’ont sous-estimé parce que je suis un battant et que je n’abandonne jamais ». En 2004, cet Européen convaincu devient commissaire européen au Commerce, succédant au Français Pascal Lamy.
Les multiples rebonds d’un fin connaisseur du commerce international
Il a fait un retour surprise dans la politique britannique en 2008 en devenant Lord puis en revenant au gouvernement en tant que ministre des Entreprises et de l’Innovation de Gordon Brown en 2009. Son vaste réseau ne fait déjà pas l’unanimité : la même année, il est critiqué pour ses liens avec un oligarque russe, Oleg Deripaska.
En 2016, il fait campagne pour rester dans l’Europe. Quand le Brexit l’emporte, il plaide pour un deuxième référendum.
Avant d’être nommé à Washington, il avait été candidat au poste de chancelier de l’université d’Oxford, où il a étudié, mais avait été battu par l’ancien dirigeant du parti conservateur William Hague.
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Sa connaissance approfondie du commerce international a probablement joué un rôle important dans la décision du Premier ministre Keir Starmer de le nommer ambassadeur, compte tenu de la volonté du président américain Donald Trump d’imposer des droits de douane sur les produits importés. Le Royaume-Uni a été mieux traité que d’autres pays, avec des taxes douanières de 10 % sur la plupart des produits.
Si en 2018, Peter Mandelson avait qualifié Donald Trump de « tyran », il avait réussi à charmer le président américain, avec lequel il a régulièrement posé dans le bureau ovale. Et les relations bilatérales sont au beau fixe. Donald Trump est attendu les 17 et 18 septembre au Royaume-Uni pour sa seconde visite d’Etat dans le pays.