Il y a chez certains de mes confrères, en particulier italiens, de bonnes idées plus les moyens qui vont avec. Avec une culture des débats en particulier chez l’un d’eux, entre des personnes qui savent de quoi elles parlent, qui sont sur les GP, qui ont les bons contacts et les bonnes oreilles. Qui restent italiens bien sûr, désolés que leur double (triple même) champion du monde se marche sur les pieds. Leur discours évolue, mais plusieurs des débatteurs affirment depuis le début que Bagnaia a juste la tête de travers. Qu’il faut juste que Ducati, sûr de sa moto, lui dise qu’il fasse avec le matos qu’on lui confie et qu’il se botte le train. Ce qui est la seule façon de faire alors que les dirigeants de la firme font semblant de se désoler en affirmant qu’ils vont faire le max pour que le petit chéri redevienne le petit chéri. Quand le bon élève est perdu, tout le monde pense que c’est impossible, ceux du fond de la classe se marrent au moins en douce de voir le meilleur de la classe se mettre à patauger comme eux. Dans nos histoires de lycées, et ça se passe de la même façon dans les filières techniques, quand un élève doué n’y arrive plus, il faut peu de temps avant que la hiérarchie, après avoir passé en revue la façon d’enseigner et les principes freudiens de base, se contente de la formule « peut mieux faire » puis peu à peu menace. Il aura fallu tout ce temps pour que Ducati passe à cette nouvelle façon de diriger l’ex bon élève de la classe. Ce qui est marrant c’est que cela apparaît en énorme dans une vidéo corporate de Ducati, sans vraiment d’intérêt, car lue et relue par dix huit personnes avant publication, quand en pleine séance de debriefing Dall Igna, face à son pilote, devant tout le monde, lui fait comprendre que maintenant c’est à lui et à lui seul de jouer. Dans la même vidéo, il roule avec Marquez dans une voiture vers un autre événement corporate, Marc lui dit qu’il faut d’abord qu’il se foute des journalistes qui lui posent la même question depuis des mois et chaque jour de chaque GP, qu’il arrête de se mettre une pression voulue par les autres, bref qu’il arrête la machine à baffes. En précisant que Misano serait une belle base de départ, Pecco est chez lui, il est encore le héros du public, on a vu que la nouvelle donne Ducati a un début de résultats, un tout petit début… Avant Barcelone Bagnaia était content d’une neuvième place, maintenant d’une septième, Marquez sait qu’une reconstruction c’est pierre après pierre. Et il a peut-être envie que son titre soit plus convaincant si Bagnaia se met enfin à rouler… Alors justement le seul intérêt de Misano est une action de force des pilotes italiens emportés cette année par le tsunami espagnol et ce dans toutes les cylindrées. Aucun titre ne sera décerné en Italie avant les épreuves qui ont lieu, pour nous, à l’aube ! Autant en profiter pour faire le spectacle et pas la fermeture du bar… Bagnaia est en fait trop jeune pour avoir vraiment souffert et quand ça lui arrive, il n’a pas de brise-lames… Les lames ne cesseront pas, un GP est un avis de tempête permanent. Alors il faut améliorer la façon de barrer, chez les marins c’est une question de vie ou de mort, chez les pilotes c’est une question de retrouver la rage de vaincre au lieu de subir l’humiliation. Bagnaia, en fait, a perdu l’orgueil. Le vrai secret de tous les pouvoirs…
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