LUDOVIC MARIN / AFP
Rachida Dati a dénoncé ce jeudi le boycott d’un colloque sur l’Histoire des Juifs de France.
POLITIQUE – L’établissement dénonce « un boycott sans précédent ». Plusieurs universitaires ont annulé leur participation à un colloque sur l’histoire des Juifs de France, arguant notamment de motifs liés à la guerre à Gaza, indique ce jeudi 11 septembre le Musée d’art et d’histoire du judaïsme (Mahj).
« Cinq chercheurs français ont récemment annulé leur participation » au colloque « les histoires juives de Paris (Moyen Âge et Époque moderne) » organisé les 15 et 16 septembre dans la capitale, affirme le musée dans un communiqué. C’est « la première fois depuis sa création en 1998 » qu’un tel événement se produit, ajoute-t-il, sans citer le nom des chercheurs concernés. Une publication qui suscite un certain émoi dans la classe politique.
« Trop, c’est trop ! », a ainsi fustigé la ministre de la Culture (et candidate à la mairie de Paris) Rachida Dati. « Ces appels au boycott répétés d’artistes, de spectacles, de conférences, de blocages d’établissements deviennent des prétextes à un antisémitisme caractérisé et assumé. Ce n’est plus une question d’opinion, c’est une question de justice et de politique pénale », a-t-elle développé.
Pour Emmanuel Grégoire, député PS, il s’agit d’un « boycott honteux ». Le socialiste, candidat aux prochaines élections municipales, dénonce une « confusion coupable et une offense grave à la liberté académique ».
Lien avec l’université hébraïque de Jérusalem
Les chercheurs ont annulé « au prétexte qu’un programme de recherche » de l’Université hébraïque de Jérusalem « finançait la participation d’une doctorante », selon le communiqué du musée. Certains « ont argué du fait que leur participation équivalait à soutenir le gouvernement israélien (…). D’autres ont simplement fait référence à la guerre à Gaza pour remettre en cause les modalités d’organisation », poursuit l’établissement, qui a maintenu le colloque tout en le remaniant.
« Ce boycott (… ) dessert absurdement le monde universitaire israélien, dont certains représentants figurent parmi les plus opposés à la poursuite de la guerre à Gaza » et « confond les chercheurs et les responsables politiques », estime-t-il.
« Cela doit appeler des sanctions », a affirmé à l’AFP Yonathan Arfi, président du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), en se disant « malheureusement pas surpris, parce qu’on est dans une période où partout est en train de se poser une forme de chape de plomb avec une hégémonie culturelle de l’obsession et de la détestation d’Israël ».
De son côté, la Licra a dénoncé sur X un « crachat idéologique » qui « fragilise le principe même de la recherche en remettant en cause son autonomie ». « Conditionner la participation à cet événement au conflit de Gaza constitue une confusion dangereuse entre des réalités sans rapport, et un amalgame qui fragilise la liberté académique », a affirmé dans un communiqué Ariel Goldmann, président de la Fondation du judaïsme français.