Vainqueur du chrono l’an passé à Madrid, Stefan Küng a lutté ce jeudi dans les rues de Valladolid (à 11 secondes de Filippo Ganna) en raison d’une condition physique précaire, un mois après avoir été touché par la Covid. Le Suisse de Groupama-FDJ a pu s’exprimer sur la route, sans entrave, malgré les manifestations pro-palestiniennes, encore nombreuses, dans la cité espagnole et sur lesquelles il s’exprime avec franchise.

« Comment vous êtes-vous senti sur ce chrono ?
Physiquement, cette Vuelta a été très compliquée pour moi, j’étais loin de mes meilleures sensations. J’ai eu le Covid début août, et depuis je galère. Il manque ce petit pourcentage, le corps n’arrive pas à se mettre à la limite, j’ai l’impression de ne pas avoir la jambe. Pourtant, je me suis battu, je me suis arraché, j’ai souffert mais c’est très compliqué car l’an passé, j’avais affronté le chrono à Madrid avec le plein de confiance. Ce n’était pas le cas ici mais dans ma situation actuelle, le changement de parcours m’a avantagé. J’ai tout donné, j’ai fini fort mais dans des lignes droites où il faut rouler à 70km/h, Filippo (Ganna) est le plus fort au monde. Je n’aurais pas pu faire plus. C’est plutôt positif quand même aujourd’hui car je joue avec les meilleurs du monde.

Avez-vous été déstabilisé par les manifestations sur le parcours ?
Non, pas du tout, j’étais concentré sur le chrono, sur ce que j’avais à faire.

« Nous ne sommes que des sportifs, des coureurs cyclistes. Pareil pour ceux qui courent pour Israel Premier Tech, ce ne sont pas des soldats, ce sont des humains »

Vous n’avez pas entendu les sifflets, les slogans ?
Non, pas aujourd’hui, mais les jours précédents, oui. Je préfère un chrono de 12 kilomètres sans problème plutôt qu’une étape qui part encore en vrille. C’est un sport tellement beau, la Vuelta est une belle course bien organisée et il ne faut pas oublier que nous ne sommes que des sportifs, des coureurs cyclistes. Pareil pour ceux qui courent pour Israel Premier Tech, ce ne sont pas des soldats, ce sont des humains. De les rendre responsables parce qu’ils portent le maillot d’une certaine équipe, je trouve cela dommage.

Mercredi, la majorité du peloton a voté pour un arrêt de la course en cas de nouveaux incidents graves. C’est toujours d’actualité ?
Chacun a le droit de manifester, je respecte l’avis de tout le monde mais on peut le faire pacifiquement. Car nous, on n’est pour rien dans ce qu’il se passe à Gaza. Il y a deux jours, on a reçu des verres pendant le fictif, les manifestants viennent sur la route, cela nous met en danger.

Quand je prends le départ, je n’imagine pas que je peux me faire coucher par un manifestant mais nos discussions, le vote, montrent que cela peut être très dangereux. La chute de Javier Romo, c’est une chute de trop. Certes, ils peuvent manifester mais nous, la route, c’est notre stade et ils nous mettent en danger. Je fais confiance à l’organisateur, aux forces de l’ordre, pour assurer notre sécurité jusqu’à Madrid car cette course mérite de se terminer là-bas. »