Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau a plaidé jeudi pour une Union européenne de l’épargne et l’investissement permettant de mobiliser l’abondante épargne des Européens au service de l’économie de l’UE. «L’Europe ne manque pas d’investissement, elle manque d’investissement productif, et surtout d’investissement innovant», a indiqué le gouverneur lors d’une conférence de l’Association Europe finances régulations (AEFR).

Évoquant une «énigme», le gouverneur a rappelé que malgré une épargne financière «excédentaire» en Europe (400 milliards d’euros soit 2,6% du PIB), le coût des fonds propres – le rendement demandé par les investisseurs pour compenser le risque pris – restait «élevé» sur notre continent par rapport aux États-Unis. L’attachement des épargnants à la sécurité ou au rendement de leurs placements implique que l’épargne abondante n’est pas allouée aux besoins économiques de l’Union. Le projet d’Union pour l’épargne et l’investissement (UEI), qui fait partie de la feuille de route de la Commission, doit permettre de résoudre cette problématique, en «mobilis(ant) davantage l’épargne pour financer l’investissement en Europe», souligne François Villeroy de Galhau.


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Pour y arriver, le gouverneur insiste notamment sur la nécessité d’«une supervision réellement européenne des fonds d’investissement sur le modèle de la SEC américaine» (l’organisme fédéral américain de réglementation et de contrôle des marchés financiers), d’un développement de «partenariats public-privé ambitieux en matière de capital-risque», et du «développement progressif de fonds d’épargne-retraite et de pension européens», qui pourraient «apporter une épargne longue et patiente». François Villeroy de Galhau évoque également «le lancement de produits d’épargne accessibles aux ménages», désamorçant directement les objections : «Le placement en fonds propres est d’abord affaire de professionnels et d’investisseurs institutionnels, certes, mais ne sous-estimons pas la portée du “retail” (vente sans intermédiaire, NDLR) pour l’appropriation politique de l’Union, ni pour l’éducation financière des Européens».