Créateur de contenu, humoriste, rappeur (double disque de platine), visage d’une marque de pizza surgelé – plutôt bonne en plus – et, depuis quelque temps, acteur cantonné à des seconds rôles comme dans Le Flambeau, Mister V continue de faire son chemin. Un chemin qui l’a conduit à co-scénariser son premier film, McWalter, inspiré par un personnage qu’il a crée il y a plusieurs années.

McWalter, c’est l’espion le moins discret du monde et surtout, trois vidéos courtes sur YouTube qui ont cumulé des millions de vues. Alors quitte à sauter dans le grand bain du long-métrage, autant se baser sur une valeur sûre avec l’aide d’une plateforme de streaming qui n’a jamais hésité à soutenir des projets avec des acteurs de la génération internet.

Critique McWalter : Mister V signe-t-il la meilleure comédie de l'année sur Prime Video ?© Prime Video

En effet, Prime Video c’est Les Infaillibles ou Je te veux, moi non plus avec Ines Reg, La Tête dans les étoiles avec Hakim Jemili, BDE avec Lola Dubini et Ludovik… Des œuvres qui ont eu autant de succès, commercial et critique, que l’une des premières apparitions de Mister V et ses copains au cinéma, Le Manoir en 2017. Mais loin du sarcasme né de ces douloureux souvenirs, on assume volontiers avoir de la curiosité pour ce nouveau projet, notamment parce qu’on a beaucoup de sympathie pour Mister V.

Après avoir sauvé les otages d’une usine de pains à burger et tuer le méchant, McWalter s’est retiré, endeuillé suite à un accident tragique survenu lors de l’opération. Une série d’attentats à la bombe l’oblige à sortir de sa retraite, son ancienne agence étant dépassée par les événements. Pire, son ADN a été retrouvé sur les lieux des crimes, faisant de lui le suspect principal. Poursuivi par ses anciens équipiers, McWalter va devoir trouver et arrêter les vrais coupables, afin de s’innocenter et de sauver le monde.

Aussi généreux que sa pizza

Qu’on en aime le goût ou non, la pizza estampillée Mister V ne lésine pas sur la quantité d’ingrédients. C’est peut-être pour ça qu’on a toujours apprécié l’homme, cette sensation qu’il se donne à fond sans arnaquer son public. McWalter est un film à son image, une œuvre assumant pleinement ce qu’elle est, quitte à déplaire.

Critique McWalter : Mister V signe-t-il la meilleure comédie de l'année sur Prime Video ?© Prime Video

Si vous n’êtes pas réceptifs à l’humour du bonhomme, passez votre chemin. McWalter, c’est une déferlante de blagues écrites par un quatuor d’adulescents (en compagnie de Vincent Tirel, Freddy Gladieux et Simon Astier) qui n’a pas peur de viser sous la ceinture ou jouer l’usure. Un pari réussi, car il faut reconnaître que plusieurs vannes nous ont eu à la cinquième ou sixième reprise.

Bien que le métrage finit par s’essouffler en abordant son dernier tiers, on admire son rythme marathonien qui n’a pas peur d’enchaîner 50 idées à la minute, de la plus stupide à la plus inspirée. Du nom d’une agence qui va fonctionner comme un running gag à une séquence mimée, McWalter n’a aucune subtilité, mais il sait être inventif et extrêmement riche. Une seule séquence peut ainsi nous proposer de l’insupportable, du gênant, de l’incroyable, de l’hilarant. Et puis on fait venir les copains, quelques noms plus connus venus s’éclater, à l’image un Vincent Dedienne en roue libre. McWalter n’est pas là pour faire du cinéma, il est là pour accoucher de trois ans de vannes depuis le début de l’écriture.

On sent que « V » a ingurgité les films de son enfance et qu’il connaît par cœur les ZAZ et les œuvres de Kad et Olivier avec Mais qui a tué Pamela Rose ? en tête de liste. Il y a ce goût de l’absurde, de la générosité et de l’esprit parodique. À bien des égards, il ressemble même davantage à un Y a-t-il un flic… que le remake récent avec Liam Neeson simplement parce qu’il n’essaie pas de l’être. McWalter est peut-être largement plus idiot que ce dernier, mais il est surtout plus naturel, écrit comme une seule et longue blague et non une série de sketchs. Bref, une bande de potes qui s’amusent.

Critique McWalter : Mister V signe-t-il la meilleure comédie de l'année sur Prime Video ?© Prime Video

Il est également plus réussi que Sentinelle avec Jonathan Cohen (aussi sur Prime Video) avec un personnage egomaniaque, dans le fond, assez similaire, grâce à un absurde sachant frapper sur plusieurs tableaux et non sur une unique vanne répétée en boucle. McWalter a beau être quasiment sur tous les plans, il est beaucoup moins insupportable.

Un Astier peut en cacher un autre

L’esprit bon enfant du projet tient aussi beaucoup à l’apport d’un certain Astier. Simon Astier. Le demi-frère d’Alexandre a fait ses preuves avec la série Hero Corp, parodie française du genre super-héroïque, et il a apporté toute son expérience sur McWalter, à la fois en tant que chef scénariste et, surtout, en tant que réalisateur.

Critique McWalter : Mister V signe-t-il la meilleure comédie de l'année sur Prime Video ?© Prime Video

Non seulement sa présence a assurément servi à canaliser les envies du trio afin de transformer un sketch YouTube en long-métrage, mais il faut reconnaître qu’il a su mettre sa caméra au service de la blague et du budget. Certes, le film ne peut pas cacher qu’il est un brin fauché, néanmoins, cela ne semble jamais réduire ses ambitions, se servant même de cet aspect pour faire de l’humour. Astier nous surprend même avec quelques séquences d’action pure nous laissant entendre qu’il est capable de bien davantage derrière la caméra.

Alors, évidemment, McWalter ne vole pas bien haut et, malgré notre sympathie, Mister V n’a peut-être pas encore bien la carrure pour un premier rôle, son jeu étant régulièrement maladroit d’une scène à l’autre. D’ailleurs, le principal défaut d’Astier pourrait se situer dans sa direction d’acteurs. Son casting ne parvient pas toujours à être dans le bon ton de la scène. Géraldine Nakache nous a paru avoir du mal à bien se positionner une fois ou deux au milieu de ce joyeux bordel.


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Néanmoins, la bonhomie du film et son envie de ne rien s’interdire et de ne jamais avoir peur d’en faire des tonnes, rend le projet, si ce n’est hautement réussi, du moins fortement attachant. On n’a pas l’impression que le film sent le cynisme, l’envie de faire du fric, mais plutôt le besoin de rire avec les copains, avec les fidèles du premier jour, en jouant une carte parodique bien trop peu exploitée. Oui, c’est crétin, néanmoins, pour un crétin qui s’assume, combien de crétins qui s’ignorent…

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