Loin d’être le plus bavard dans la vie, Beka Gigashvili est un homme de peu de mots. « C’est un Géorgien… il ne parle pas énormément », se marre Marius Domon. Par contre, côté pelouse, le pilier droit met la tête là où un simple humain ne poserait même pas le regard. « Il montre l’exemple par l’action, poursuit l’arrière toulonnais. Que ce soit en muscu ou sur le terrain. Il adore défendre, gratter, combattre. On connaît ses talents en mêlée mais sincèrement, chez “Beka », tout passe par le travail. Il n’arrête pas. » Et ça tombe bien, puisque c’est exactement ce que lui demande Pierre Mignoni.

Habituel marathonien de saison en saison, que ce soit avec Toulon ou la sélection géorgienne (32 matches en 2023-24, 33 en 2022-23 et 31 en 2021-2022), le natif de Tbilissi sort pourtant d’une année plus difficile. Longuement blessé pour la première fois depuis son arrivée sur la rade à l’été 2019, il n’a été aligné « que » 21 fois lors du précédent exercice. Il raconte: « C’était un peu compliqué. Avec ma blessure aux adducteurs, j’ai été arrêté pendant trois mois. Derrière, pour enchaîner, ça a été un peu plus dur. Mais c’est terminé. J’ai réussi à revenir en forme pendant la préparation et, depuis, je me sens mieux. »

« On a toujours eu des joueurs un peu “papa » »

Un sentiment confirmé par son entraîneur, Pierre Mignoni: « C’est vrai qu’il a connu des problèmes aux adducteurs mais là, il est de retour. Je retrouve le “Beka » d’il y a deux ans. Avec du « peps », de l’énergie. Dans le groupe, son rôle est toujours le même. C’est quelqu’un qui ne parle pas beaucoup mais qui fait. Sur le terrain et en dehors. » Et de développer sur la relation entretenue avec son pilier droit durant sa blessure: « J’ai longtemps parlé avec “Beka ». C’est quelqu’un que j’aime beaucoup. Il a une histoire ici, à Toulon. Il a aussi une histoire personnelle très attachante. Je l’ai découvert au fil des années et honnêtement, ça me rendait triste de le voir un petit peu en difficulté. Je suis vraiment heureux de le revoir en pleine possession de ses moyens. Que ce soit physiquement, ou mentalement. »

Toujours partant pour une photo à la fin de l’entraînement, un sourire, un échange avec les supporters, Beka Gigashvili, qui entame sa septième saison sur la rade, fait désormais partie des historiques. Et s’il est l’un des éléments clés de l’effectif de Pierre Mignoni, il a également un rôle important dans le vestiaire. Notamment avec ses deux compatriotes, Nikoloz Narmania et Mikheili Shioshvili. « À Toulon, on a toujours eu des joueurs un peu “papa », explique le directeur du rugby. Chez les Géorgiens, on peut penser à Mamuka Gorgodze, que j’ai eu la chance de coacher un petit moment. Il prenait des joueurs sous son aile et « Beka » le fait très bien. C’est important pour moi, c’est un relais sur lequel je peux m’appuyer. »

« Rien à calculer »

Puisque ce n’est pas le genre de la maison de tirer la couverture à soi, de son côté, l’international géorgien (33 ans, 46sélections) reste discret: « Vous savez, ce sont déjà des grands garçons (rires). Mais ils savent que s’ils ont besoin de quelque chose, je suis toujours là pour eux. C’est vrai que ces derniers temps, j’étais un peu le seul Géorgien (sourire). Là, maintenant, on est trois, il y a en aussi deux en Crabos… alors on est bien! »

Sportivement, sur ce début de saison, Beka Gigashvili le sait, il aura fort à faire. Avec Kyle Sinckler toujours sur le flanc (dans l’attente du feu vert des médecins après s’être fait enlever ses broches de l’avant-bras), il est redevenu le numéro 1 au poste. Pas de quoi faire peur au principal intéressé. Et encore moins après une journée de championnat: « Pour l’instant, il n’y a rien à calculer (sourire). Il faut juste jouer. Kyle [Sinckler] va bientôt revenir, et on a aussi avec nous Nikoloz Narmania. On va continuer à avancer tous ensemble et se partager le boulot. »

Solide mais finalement indiscipliné à Montpellier (un carton jaune), le massif pilier devra prouver, ce samedi soir face à Castres, qu’il est bien de retour.