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Publié le 11/09/2025 17:31
Mis à jour le 11/09/2025 18:07
Temps de lecture : 4min – vidéo : 5min
Pech Merle : Les gardiens du temps dans les causses du Lot
(France 2)
5min
Dans les causses du Lot, la grotte du Pech Merle révèle 30 000 ans d’histoire. Entre peintures préhistoriques intactes et empreintes anciennes, Maryse David et Bertrand Defois nous plongent dans un lieu secret, témoin des premiers artistes de l’humanité.
Ce texte correspond à une partie de la transcription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Les causses calcaires du Lot sont les gardiens de bien des mémoires. Mémoire de la terre, façonnée par l’eau depuis des millions d’années. Mémoire des humains. Ici-bas, la grotte du Pech Merle est l’un des plus beaux joyaux de la préhistoire. 40 mètres plus haut, nous suivons les pas de ces passeurs de mémoire : Maryse David, fille du découvreur de la grotte, accompagnée de Bertrand Defois, conservateur du musée de Pech Merle. Caché dans la végétation, le lieu est tenu secret depuis près de 100 ans.
À l’origine de cette aventure : un adolescent et son ami, prêts à prendre des risques insensés. Maryse David raconte : « La première fois qu’ils sont rentrés, mon père et Henri avaient mis des bougies sur le parcours, là où ils avançaient. Seulement, quand ils se sont retournés, les bougies étaient toutes éteintes parce qu’il y a toujours de l’eau qui tombe du plafond. Et puis à un moment, il faut ramper et ramper. On ne sait pas où on va pour la première fois. Ils ne s’attendaient pas à voir des dessins, à voir les traces de l’homme. C’était tellement impressionnant qu’à un moment, ils disaient qu’on croyait devenir fous. «
Des concrétions calcaires spectaculaires s’étendent sur près de 2 km. Et sur certaines parois, des peintures intactes, dont les plus anciennes remontent à 29 000 ans.
Les chevaux visibles sur les parois ont été peints en projetant les pigments avec la bouche. Bertrand Defois précise : « C’est une technique qui demande beaucoup de temps, beaucoup d’investissement. Et pour réaliser cette peinture, l’expérimentation démontrait qu’il fallait au moins cinq journées de travail pour réaliser ce panneau. »
L’émotion est d’autant plus grande en traversant la grotte que l’on suit littéralement les pas de ceux qui sont venus ici il y a 30 000 ans. « Les préhistoriques ont traversé cette petite plage et ont laissé imprimer dans le sol leurs empreintes de pas. Il y a notamment une empreinte qui est entière et qui nous montre un petit pied gauche », explique Bertrand Defois, sans doute un adolescent. Un peu plus loin, la trace ocre d’une main de femme, plus fine que les autres. Étaient-elles aussi peintres ? C’est une hypothèse. « Les préhistoriques ne vivaient pas dans les grottes, mais ils venaient y chercher quelque chose d’essentiel. » Notre guide poursuit : « Peut-être que pour eux, c’était un monde occupé par les esprits, par des forces surnaturelles. Et peut-être que les dessins cherchaient à établir un contact avec ces forces. »
Les 800 motifs de Pech Merle sont disséminés dans une grotte 50 fois plus vaste que celle de Lascaux, la plus célèbre des grottes ornées. Mais ici, ce sont des peintures authentiques, pas des reproductions. « La grotte de Lascaux a été extrêmement fréquentée, sans limitation. Ici, depuis plus de 40 ans, nous limitons le nombre de visiteurs et le temps de visite », justifie le conservateur.
25 personnes maximum par groupe, pas plus de 50 minutes à l’intérieur : une visite vécue comme un privilège. Ce jour-là, un enfant en ressort fasciné : « C’est une vraie grotte pour une fois. Ce ne sont pas des fosses. » Même sentiment chez les adultes : « C’est très impressionnant de voir nos ancêtres, ce qu’ils ont pu faire avec rien. »
Ces gestes semblent simples, mais ils demandent un apprentissage. Mettre de la terre ocre dans sa bouche, l’humidifier, puis cracher sur la paroi : un geste répétitif qui permet de comprendre ce qui s’est passé il y a 30 000 ans, dans une grotte encore pleine de mystères.