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12 septembre 2025

Cette année les créatrices de mode féminine étaient à l’honneur des grands prix de la création de la ville de Paris. La capitale française célèbre depuis 2001 par ces récompenses la créativité et les savoir-faire qui grandissent en son sein. Et ce jeudi 11 septembre, sous les ors de l’Hôtel de ville, les jurys ont récompensé des créateurs parisiens pour le design, les savoir-faire et la mode.

Emilie Faure et Serge Ruffieux de 13 09 SR, Cléa d'Anicet, Jeanne Friot et Auriane Blandin Gall de CèucleEmilie Faure et Serge Ruffieux de 13 09 SR, Cléa d’Anicet, Jeanne Friot et Auriane Blandin Gall de Cèucle – OG /FNW

« Chaque année c’est un plaisir et un acte fort de remettre ces prix, a avancé Lyne Cohen-Solal, souriant du fait d’avoir remis plus de 150 prix depuis 2001 à des entrepreneurs et créatifs. Je trouve cela très important car je considère cela comme un geste d’espoir. Je crois qu’il est indispensable que des institutions prennent leurs responsabilités et montrent qu’elles attendent quelque chose de bien de l’avenir. Paris Capitale de la création, n’est pas un vain mot. Mais c’est une position qui se construit et se consolide chaque jour. »

Un propos aligné avec celui de l’adjoint au maire Nicolas Bonnet-Oulaldj, en charge du commerce de l’artisanat, des professions libérales des métiers d’art et de la mode: « Paris croit en l’importance de soutenir les créateurs, que ce soit via ses écoles, son incubateur ou le label Fabriqué à Paris qui compte près de 2.500 labellisés dont des créateurs de mode et des artisans d’art. Face à la question de la montée des haines, du racisme, des transphobies nous avons besoin de cette énergie des jeunes créateurs pour exprimer et défendre la liberté par la création. »

Pour cette édition 2025, les jurys ont célébré des propositions fortes. Le jury Mode, présidé par la créatrice parisienne Vanessa Bruno a récompensé deux jeunes femmes à la tête de leur marque et défendant des concepts forts. Le prix Révélation mode a été décerné à Auriane Blandin-Gall pour sa marque Cèucle qui propose un vestiaire unisexe. « Nous avons voulu récompenser des projets qui s’appuyaient sur une vision forte sur laquelle pouvaient se construire des marques de façon pérenne, a expliqué la présidente du jury. Avec Cèucle, Auriane exprime son talent pour le patronage. Il y a une évidence dans la simplicité tout en étant très élaboré pour construire une proposition unisexe, jouant avec le minimaliste ».

Formée à la chambre syndicale de la coutre parisienne, Auriane Blandin-Gall évolue pendant six années dans la maison d’Esteban Cortazar. En 2021, elle initie un projet de sa propre marque. « J’ai débuté par l’enfant et rapidement des parents m’ont dit qu’ils aimeraient avoir la même chose pour eux. Je crois que c’est l’élan qui me manquait pour que je m’autorise à faire une marque pour l’adulte. » Les coupes sont amples, les matières qualitatives recherchées dans des stocks dormants, avec un positionnement créateur. Cèucle construit progressivement son vestiaire, ajoutant injection après injection des éléments supplémentaires. Les 18.000 euros de l’enveloppe du prix devraient lui permettre d’investir dans la communication et le modélisme. La marque a débuté par la vente en direct sur son site marchand et via des pop-ups. Elle va présenter du 18 au 21 septembre, rue de Saintonge au coeur de Paris son dernier drop. Et commence à travailler la saison prochaine avec des revendeurs. 

Pour sa part Jeanne Friot entend exploiter la dotation pour continuer de porter son propos d’une mode écoresponsable exploitant des stocks dormants et non genrée, véhiculant une vision queer, via ses défilés. Après avoir présenté son univers en juin dernier à Paris, la créatrice entend continuer de mettre en scène son travail en janvier prochain. Certes, les collaborations avec des stars ainsi que la création de la tenue de la cavalière argentée fendant la Seine durant la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris, l’ont placée dans la lumière. Mais pour Jeanne Friot, qui a fondé la marque a son nom en 2020 après des expériences au sein de grandes maisons de luxe, la récompense du prix de l’engagement mode de la ville de Paris intervient à point nommé pour accompagner son développement.

Le contexte global s’avère en effet tendu pour qui défend des idées progressistes et la créatrice multiplie les projets avec différents univers: de la danse, avec la réalisation de costumes pour des spectacles à Londres et Paris, au mobilier via une récente collaboration avec La Redoute. « J’ai toujours eu une ambition et une vision globale pour la marque. Depuis 2020, nous avons toujours eu des sponsors pour nos shows. Les entreprises américaines s’impliquaient, mais avec les reculs de ces derniers mois cela s’est tari. C’était un intérêt d’avoir des projets multiples, c’est devenu une nécessité », précise la créatrice qui appelle de ses voeux des mesures de soutien pour les créatifs établis qui doivent structurer leur entreprise.

Jeune entrepreneure elle aussi, Elia Pradel a bénéficié de l’accompagnement du bureau de design de la mode et des métiers d’art de la ville de Paris en étant incubée depuis deux ans avec sa marque de bijoux Anicet, du nom de son père. Lauréate du prix accessoires Bijoux, la Guadeloupéenne, Parisienne d’adoption donne une nouvelle vie à des bijoux anciens en argent et plaqué or avec une interprétation moderne. « Nous travaillons avec de vieilles pièces mais nous nous fournissons aussi auprès des marques de luxe et des bijoutiers, explique Elia Pradel. Nous apportons des jeux de rythmes en reformant librement les maillages. » La créatrice crée une collection permanente vendue sur son site, initie des drops thématiques. Son projet Botanica, qui rend hommage à la nature des Antilles, sera d’ailleurs présenté dans une exposition hors les murs du quai Branly qui se tiendra dans les Caraïbes. Au-delà de cette offre, Elia Pradel propose aussi aux clients de réaliser des projets spéciaux et organise avec des marques des ateliers VIP. 

Enfin, Emilie Faure et Serge Ruffieux ont décroché le prix accessoires avec leur marque 13 09 SR, fondée il y a quatre ans. Le duo (elle journaliste mode et lui designer de prêt-à-porter) a d’abord initié une marque de chaussures haut-de-gamme. Les modèles de 13 09 SR ultra créatifs optent pour une semelle plate et surtout une primauté au confort. Les entrepreneurs ont ajouté le sac dans leur proposition l’an passé et entendent développer encore leur univers dans les prochaines saisons, pourquoi pas en explorant quelques modèles à talon. « Nous avons été finaliste de l’Andam, mais l’approche était différente. Avec le prix de la ville de Paris, l’attention se porte sur la création, estime le duo. Ce prix va nous permettre de continuer de travailler l’image pour être encore plus visible pas seulement sur un moment mais construire une communication accompagnant la marque. Il faut être créatif et ingénieux. »

Cette édition a aussi récompensé la créativité dans les catégories Design et Métiers d’art.

Le prix Révélation dans le design est revenu au duo Sacha Parent et Valentine Tiraboschi qui explorent les procédés de production et cherchent à innover dans la réalisation de produits dans différentes matières que ce soit le verre ou les arts plastiques. Autre duo, le studio de Dach&Zephir de Florian Dach et Dimitri Zephir a reçu le prix de l’engagement dans le design pour son travail faisant dialoguer la création design et les savoir-faire et héritage des Antilles. Le prix doit notamment leur permettre de réaliser une cartographie sensible des savoir-faire en Guadeloupe et en Martinique.

Le prix Révélation pour les métiers d’art a lui été remis à Lucille Boitelle pour récompenser son travail de peintre ornemaniste, qui imagine des propositions pour différents supports du textile à la céramique et différents éditeurs. Chloé Bensahel a elle reçu le prix de l’Engagement des métiers d’art pour ses tentures mêlant textiles et technologies.

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