Par
Gil Martin
Publié le
10 sept. 2025 à 17h50
; mis à jour le 10 sept. 2025 à 18h31
Les années se suivent et ne se ressemblent pas, dit-on… Pourtant, sous le règne d’Emmanuel Macron, elles ont comme un petit air de famille. Après les mobilisations massives dite de la « crise » des Gilets jaunes, celles spectaculaires contre la réforme des retraites, il semble que le pays enchaîne sur une troisième vague de grandes manifestations.
Une forte mobilisation
Le mouvement citoyen « Bloquons Tout » a fortement rassemblé à Montpellier ce mercredi 10 septembre 2025 -6 000 manifestants selon les autorités, plus de 8 000 voire jusqu’à 10 000 selon les journalistes- et visiblement, il devrait y avoir encore beaucoup de monde dans les rues jeudi 18 septembre prochain pour la manifestation nationale des syndicats (CGT, FO et CFDT). Surtout si les manifestants « libres » de ce 10 septembre rejoignent les salariés la semaine prochaine.
La comédie, point central du mouvement à Montpellier (©Métropolitain)« Continuer après le 10 septembre »
C’est du moins l’un des messages parmi les plus entendus dans les rues de Montpellier ce mercredi, et ce qu’espèrent Pascal et Sandrine, l’un éducateur et l’autre assistante sociale, venus ensemble exprimer leur ras-le-bol… et leurs espoirs : « Il ne faut pas que ce mouvement populaire retombe comme un soufflet… C’est pourquoi nous souhaitons retrouver le plus de personnes possible dans la rue le 18 septembre. Plus nous serons nombreux, plus il sera possible d’obtenir une autre politique dans ce pays ».
Des messages injurieux en faveur du président de la République affluent dans les rues de Montpellier (©JP / Métropolitain)Vidéos : en ce moment sur Actu
« On entend que les Français ne travaillent pas assez, qu’il faut faire des efforts, qu’on est capricieux et fainéants. Je suis dégouté. Je veux que ça change. Maintenant »
Anthony, 24 ans
Ils sont des dizaines à exhorter les manifestants à revenir battre le pavé la semaine prochaine. Certains, qui défendent leur « indépendance », rechignent, assurant qu’ils ne veulent pas se mêler aux syndicats pas peur d’une « récupération »… Mais la plupart approuvent l’idée.
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Des cris de revendications retentissent dans la capitale héraultaise (©AH/Métropolitain)
En revanche, il n’y a pas débat sur les principales revendications dont les deux plus essentielles, « Macron démission » et « Non à l’austérité », claquent tout au long du cortège, déclinées en divers slogans et chansons.
Vue du cortège depuis le Peyrou : 6 000 personnes selon la police, au moins 8 000 selon les journalistes (©Gil Martin/Métropolitain)Contre l’austérité, pour le droit de vivre
Ce mouvement Bloquons tout, auquel a adhéré toute une jeunesse antifascite, n’est pas sans rappeler celui des Gilets jaunes : pas de responsables ou de leaders identifiés, mots d’ordre diffusés sur les réseaux sociaux, AG organisées dans les villes (dont le mardi soir à Montpellier sur les marches du Corum). Protéiforme, il a offert l’opportunité à des milliers de citoyens de descendre dans la rue exprimer leurs revendications mais surtout leur colère contre la politique d’austérité du gouvernement, un sentiment de mépris attisé par la nomination la vielle d’un nouveau 1er ministre de droite.
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« La culpabilisation, ça sufit ! »
Ce ne sont pas les seules : des revendications, il y en a des dizaines, à l’image de ce mouvement social multiple, éparpillées dans tout le cortège, des droits LGTBQIA+ à la libération de la Palestine, des violences faîtes aux femmes au budget de la culture, du logement social à la taxation des ultra-riches.. Mais ce que souhaitent la très grande majorité des manifestants, c’est d’être entendus, ne plus être méprisés : « Les discours infantilisant et culpabilisant des riches, ça suffit », tonne Antony, visant le président et ses ministres. Jeune salarié du privé de 24 ans, il est « gavé » : « Je bosse depuis mes 19 ans, je gagne aujourd’hui moins qu’avant ! En 5 ans, j’ai perdu plus de 200 € de pouvoir d’achat par mois… J’entends que les Français ne travaillent pas assez, qu’il faut faire des efforts, qu’on est capricieux et fainéants. Je suis dégouté. Je veux que ça change. Maintenant ».
Les propositions de budget de François Bayrou vivement critiquées (©JP / Métropolitain)
Ce mercredi, ils ont essayé. Medhi n’est pas sûr que cette aspiration à mieux vivre sera prise en compte par nos gouvernants, mais il assure qu’il ne lâchera pas l’affaire : « On ne peut pas s’arrêter aujourd’hui. Il faut continuer. Peut-être qu’à Paris, ils pensent que ce mouvement est déjà passé… J’espère au contraire que ce n’est que le début ».
À 17h45, selon la préfecture, 500 manifestants étaient toujours rassemblés dans le coeur de ville et une cinquantaine devant le commissariat central, exigeant la libération des 22 d’entre-eux interpellés et placés en garde à vue.
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