Le signal d’une transition énergétique en marche. Près du pont de Cheviré, sur le port de Nantes, Harmony Energy a mis sous tension les 52 enceintes à batteries et 26 transformateurs d’une unité de stockage d’électricité, à proximité du site désaffecté d’une ancienne centrale thermique. Un investissement compris entre 50 et 70 millions d’euros.

Cette unité de 100 MW est connectée à un poste électrique de RTE avec l’ambition de stocker jusqu’à 200 MWh d’électricité. Ces 200 MWh pourraient couvrir, pendant deux heures, la consommation électrique de 170 000 foyers de Nantes Métropole. « Dans les faits, ça ne fonctionnera pas tout à fait comme cela, convient Clément Girard, le directeur général de la filiale française de cette société britannique. Elle va jouer un rôle de tampon sur le réseau électrique et contribuer à un équilibre entre production et consommation. »

Andy Symonds et Clément Girard, respectivement président et directeur général d’Harmony Energy France, sur le site de la nouvelle centrale de stockage d’électricité implantée à Nantes Cheviré.Andy Symonds et Clément Girard, respectivement président et directeur général d’Harmony Energy France, sur le site de la nouvelle centrale de stockage d’électricité implantée à Nantes Cheviré. (Photo Harmony Energy)La centrale restitue 85 % de l’électricité prélevée

Cette faculté de prélever de l’électricité sur le réseau, lorsque la production est importante, pour la restituer lors de pics de consommation, est un outil indispensable alors que de plus en plus d’installations renouvelables solaires et éoliennes, non pilotables, injectent du courant sur les lignes de RTE. Jusqu’à il y a peu, en France, avec les interconnexions européennes, les centrales hydroélectriques assumaient, plutôt seules, cette contribution à la flexibilité. Elles le font toujours via des stations hydrauliques de transfert d’énergie par pompage d’une puissance totale de 5 GW.

Mais, selon RTE, seul de 0,5 à 1 GW pourrait être ajouté d’ici 2035. Il est difficile de construire de nouveaux barrages. Il faut se tourner vers d’autres solutions de stockage. Celle par batteries en est une. « Des unités comme les nôtres, qui reposent sur une technologie au lithium-fer-phosphate de Tesla, comportent l’avantage d’utiliser peu d’espaces, d’avoir peu d’impacts paysagers et sonores et de restituer dans le réseau 85 % de l’électricité prélevée », assure Clément Girard.

7 GW de projets en France après 1 GW installé fin 2024

En France, Harmony Energy dit avoir une dizaine de projets similaires en développement, dont deux en construction en Normandie et dans le Grand Est. Elle vise la mise en service de 500 à 700 MW d’ici à 2030. De son côté, RTE indique que des opérateurs ont réservé des droits de connexion au réseau pour 7 GW de projets. Le stockage par batteries pesait 1 GW fin 2024.

En Bretagne, c’est une autre société, Neoen, qui déploie une centrale de 92 MW/183 MWh prévue pour être opérationnelle, en 2026, à Pleyber-Christ (29). Mais RTE continue, en réalité, d’avoir beaucoup de demandes de raccordement pour de petites unités connectées à des sites de production d’énergies renouvelables, assez régulièrement en partenariat avec Entech, Boralex, à Plouguin (29).