Publié le
12 sept. 2025 à 7h06
Une tumultueuse histoire d’adultère s’est retrouvée étalée, ce jeudi 11 septembre 2025, au tribunal de Rouen. À la barre, un professeur de collège accusé d’avoir menacé sa maîtresse en exhibant un fusil lors d’un appel en visio. Le tout sur fond d’accusations de chantage et de fin de relation houleuse avec celle qu’il a rencontré au travail.
Une relation adultère au collège
Les amants, Mounir*, professeur de sciences physiques, et Valentine*, assistante dans un collège de l’agglo rouennaise, se rencontrent dans l’établissement scolaire. Ce n’est que deux ans après que leur relation extraconjugale démarre. « J’avais honte de cette relation, je ne le disais à personne », explique l’enseignant au tribunal. Deux ans et demi plus tard, elle est finie.
Qui a quitté qui et pourquoi ? Difficile de le dire. Comme il est difficile de savoir qui des deux a menacé l’autre de révéler l’adultère à leurs conjoints.
Tumultueuse relation donc, qui atteint son paroxysme en janvier dernier. Selon l’enquête relatée par le président du tribunal, « il y a eu un signalement au collège de madame indiquant faire l’objet de menaces depuis la fin de sa relation avec monsieur. Il aurait exhibé une arme en faisant la promesse sur le Coran de s’en prendre à elle ». Le tout, lors d’un échange en visio sur WhatsApp.
Un appel WhatsApp, « deux versions très différentes »
Un échange débuté d’abord par écrit, Mounir s’enquérant de la santé de Valentine, en arrêt maladie. Une capture d’écran d’une demande de contact sur les réseaux sociaux de Valentine à l’épouse de Mounir, puis cet appel en visio lors duquel il l’aurait menacée. Avec « deux versions très différentes » de cet échange, selon les mots du président du tribunal.
Mounir nie farouchement, avec éloquence : « J’ai compris que ses multiples chantages [de révéler la relation] étaient mis à exécution. J’ai reçu de multiples insultes, elle m’a dit que maintenant, c’était à moi d’avoir peur. » Selon sa version, Mounir craignait que le conjoint de son ex-maîtresse s’en prenne à lui, car il l’aurait déjà menacé via Snapchat. « C’est là que je vais chercher le fusil et que je le pose sur le lit. »
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Valentine, tremblante et fébrile, maintient face au tribunal : « Oui, il y a eu menace de mort envers moi. Il a dit qu’il allait me buter. » De cet échange vidéo, il n’y a ni enregistrement, ni témoin, seulement des captures d’écran où l’on voit le fusil sur le lit et Mounir s’en saisir.
Plusieurs armes chez le professeur
Vient donc aussi la question des armes. Trois fusils et une carabine à plomb ont été retrouvés au domicile de l’enseignant lors d’une perquisition à son domicile, en pleine forêt. Il dit les avoir trouvé en faisant des travaux dans les combles. « Vous êtes professeur, monsieur ! Je ne comprends pas pourquoi vous n’avez pas remis ses armes à la police », s’emporte le procureur. « J’ai hésité. Je ne voulais pas avoir à faire de près ou de loin à la police », plaide-t-il assumant leur possession illégale.
À l’écoute de Mounir, Me Amèle Mansouri, avocate de Valentine, s’offusque : « Les bras m’en tombent ! J’ai l’impression d’assister au procès de ma cliente qui est pourtant victime dans ce dossier. » Et de rappeler les 10 jours d’ITT prescrit à sa cliente.
« Il faut arrêter de nous faire croire n’importe quoi, de la faire passer pour instable », poursuit-elle, arguant que « c’est lui qui a été harcelant avec elle, lui qui lui a écrit tous les jours pendant son arrêt maladie, il insistait ». Pour le conseil de Valentine, « la menace est matérialisée par la simple présence du fusil ».
L’enseignant suspendu depuis son arrestation
Même constat du procureur dans ses réquisitions. « Il le sort alors qu’à aucun moment il n’a besoin de le faire, madame est chez elle, lui est chez lui, il ne risque rien. Il dit qu’il l’a fait sous le coup de la colère, c’est bien qu’il veut montrer de quoi il est capable. » Le ministère public déplore aussi « les tentatives de justification de son comportement. Il ne se remet pas en cause ».
Toutefois, eu égard au profil du prévenu, il requiert une peine clémente de sept mois de prison avec sursis simple, une interdiction de détenir une arme et d’entrer en contact ou d’aller chez Valentine. Par ailleurs, pour ne pas nuire à la carrière de Mounir, il se dit favorable à ce que la condamnation ne soit pas versée au casier judiciaire de l’enseignant.
Me Antoine Siffert, avocat de Mounir, a une lecture différente du dossier, le premier pour lui « qui se présente de façon aussi déséquilibrée ». Face au portrait fait de son client, il tente de démontrer le manque de crédibilité de l’ex-maîtresse. Il évoque « une déception maladive ». « Ma thèse c’est que madame est animée d’un désir vengeur », poursuit-il, estimant que la menace de mort n’est pas caractérisée par la simple présence du fusil sur la vidéo. Et de fustiger, « le zèle hallucinant de la police » ainsi que « le rectorat, implacable » qui a suspendu Mounir au lendemain de son arrestation il y a huit mois.
Le tribunal le déclare finalement coupable de la détention illégale des armes et des menaces de mort**. Il le condamne à quatre mois de prison avec sursis simple, l’interdiction de détenir ou de posséder une arme, de se rendre chez Valentine ou d’entrer en contact avec elle. Il devra par ailleurs la dédommager au titre des dommages et intérêts et des frais d’avocat. Il échappe toutefois à l’inscription de sa condamnation au casier judiciaire, lui permettant de poursuivre sa carrière dans l’enseignement, dans un autre établissement scolaire puisqu’il a demandé sa mutation.
*Les prénoms ont été modifiés.
** Cette peine est susceptible d’appel. Tout prévenu demeure présumé innocent tant que toutes les voies de recours ne sont pas épuisées.
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