Il n’y a pas que dans les grandes villes ou sur le littoral que la pénurie de logements se fait sentir. A Beignon, petite bourgade d’à peine 2.000 habitants située à la frontière du Morbihan et de l’Ille-et-Vilaine, les habitants galèrent aussi à se loger avec pas loin de 200 demandes à chaque fois qu’une maison ou un appartement se libèrent. « Il y a déjà la proximité avec Rennes et il y a aussi de l’activité dans le secteur avec des entreprises dynamiques et les écoles militaires de Saint-Cyr Coëtquidan », souligne Dominique Lamballe. Cet enfant du pays est à la tête de l’entreprise FenêtréA, un fabricant de menuiseries qui emploie 550 salariés à la lisière de la mythique forêt de Brocéliande.
Si sa société se porte bien avec un chiffre d’affaires annuel de plus de 80 millions d’euros, le patron a beaucoup de mal à recruter en raison notamment de cette pénurie de logements. Et il n’est pas le seul dans ce cas. Selon le baromètre du logement des salariés en Bretagne, 59 % des dirigeants considèrent le logement comme un obstacle au recrutement, dont près d’un tiers comme un frein très important. « Il faut que nos salariés puissent habiter à moins de 25 kilomètres de l’entreprise car au-delà, on risque de les perdre à cause du prix de l’essence et de la fatigue du trajet », assure Dominique Lamballe.
Des maisons proposées « au prix du marché »
Alors que son entreprise recrute chaque année « entre 20 et 50 personnes » et qu’une nouvelle usine de 20.000 m2 sortira de terre en 2027 avec à la clé une centaine de nouveaux emplois, le patron a donc décidé d’enfiler le costume de promoteur immobilier. « Mais je ne veux pas en faire mon métier », glisse-t-il. Le projet remonte à deux ans environ quand la mairie de Beignon, qui disposait d’un terrain mais n’avait pas le budget pour construire un lotissement, a accepté de lui vendre la parcelle de 10.900 m2 pour qu’il construise lui-même des logements. Avec une priorité accordée bien sûr à ses collaborateurs et futurs salariés. « Si les logements ne trouvent pas preneurs, on les proposera ensuite à tout un chacun », précise le chef d’entreprise.
Pour l’heure, le chantier avance à bon rythme avec les douze premières maisons du nouveau lotissement Horizon Brocéliande qui sortent de terre et une livraison prévue au printemps. « On est justement en train de poser les fenêtres sur les premières maisons, une activité que l’on connaît bien », sourit-il.
L’an prochain, douze nouvelles maisons suivront et encore dix-sept autres en 2027 pour un total de 41 logements proposés à la vente ou à la location « et au prix du marché », ajoute Dominique Gall. « Avec la nouvelle usine, on sait qu’on devra trouver des candidats dans d’autres régions et il faudra bien les loger, assure le patron. Le fait de construire un lotissement pour nos salariés est donc un atout en plus pour en recruter des nouveaux. »