Le chef de file Archipel Citoyen, Maxime Le Texier, est candidat à la candidature de l’union des gauches pour les prochaines Municipales à Toulouse. Il revient, pour le Journal Toulousain, sur les raisons de sa légitimité, mais aussi sur les négociations internes, et sur la question de la place de la France Insoumise dans l’équation…

Maxime Le Texier est le candidat Archipel Citoyen pour la liste d'union de la gauche, en vue des Municipales à Toulouse

Maxime Le Texier est le candidat Archipel Citoyen pour la liste d’union de la gauche, en vue des Municipales à Toulouse © Académie des Futurs Leaders

Maxime Le Texier, à six mois des Municipales, où en sont les tractations entre Archipel Citoyen et les forces de gauche en vue d’une union à Toulouse ? La dernière entrevue ayant eu lieu le 1er septembre…
Nous avons rencontré la France Insoumise et avons validé avec eux le principe de la gouvernance partagée, entre mairie et métropole. La composante politique qui aura la Ville ne pourra pas avoir Toulouse Métropole. Nous avons également confronté nos idées, et consenti que nous étions d’accord sur le fond programmatique. Enfin, il a été question de la désignation collective de la tête de liste. Et là, LFI a été assez claire : pour eux, le préalable à toute discussion est que François Piquemal soit la tête de liste. À partir de là, il n’y a plus grand chose à discuter ! Avec La France Insoumise, les débats sont donc clos !
Maintenant, nous échangeons donc à six : Archipel Citoyen, la Parti Socialiste, le Parti Communiste, le Mouvement Républicain et Citoyen (MRC), Génération.s et le Parti Radical de Gauche (PRG). Archipel a proposé une désignation de la tête de liste par les colistiers. Il y aura bien sûr des négociations pour composer la liste mais celui ou celle qui la mènera sera plus légitime que si elle s’impose aux autres par un rapport de force. Enfin, nous avons proposé un calendrier : en septembre, discussion du poids de chaque entité dans la liste, en octobre désignation des candidats à la candidature, et début novembre annonce de la tête de liste.
Pour l’instant, rien n’est officiellement acté, d’autant que la situation politique nationale pèse aussi dans les débats, mais on sent que sur le fond, sur les questions programmatiques, il n’y a pas d’écueil. On commence également à aborder le problème de la composition de la liste. Si la désignation par les colistiers est encore à négocier, nous avons les quatre personnes qui sont prêtes à rentrer dans un dispositif collectif, à savoir moi-même pour l’Archipel Citoyen, Régis Godec pour les Écologistes, Isabelle Hardy pour Génération.s et François Briançon pour le PS.

« Cinq membres du “club des 6” ont demandé l’exclusion de la France Insoumise des discussions, pas Archipel ! »

En pleine négociation stratégique, quel est le poids de la situation nationale ?
Les Verts brandissent leur principe de subsidiarité et s’affranchissent donc de l’échelon national. A Toulouse, ils ont noué une forte alliance avec nous et nous fonctionnons bien ensemble. Nous attendons juste leur assemblée générale, le 18 septembre prochain, pour que les militants actent les choses : ils auront à choisir entre Archipel ou LFI… Nous ne sommes pas très inquiets quant aux résultats !
En revanche, la politique nationale du PS aura sûrement un écho local. Comment vont-ils se positionner à Toulouse ? Quid de Place Publique ? Et de Generation.s ? Tous discutent mais traînent un peu la patte pour acter les choses. Ils attendent de voir ce qu’il se passe à plus grande échelle… En tout cas, ce qui est sûr, c’est que cinq membres du “club des 6”, comme je nous appelle, ont demandé officiellement l’exclusion de la France Insoumise des discussions. Du côté d’Archipel, nous refusons d’ostraciser qui que ce soit, nous aurons besoin d’eux pour élargir notre électorat. Sans oublier qu’au conseil municipal, nous siégeons avec eux dans le groupe d’opposition Alternative municipaliste citoyenne (AMC).

Quid de La France Insoumise ?

Archipel Citoyen

© Archipel Citoyen

Ce qui est sûr aussi, c’est qu’il y aura donc au moins deux listes de gauche à Toulouse. N’est-ce pas déjà très compliqué ?
Et peut-être trois… Mais cela ne veut rien dire. En 2008, il y avait déjà une liste d’extrême gauche (Myriam Martin, alors candidate de la Ligue communiste révolutionnaire, soutenue par les Motivés !, NDLR), sociologiquement parlant, équivalente à LFI d’aujourd’hui, et cela n’a pas empêché les Toulousains de se mobiliser. En 2020, il y avait aussi trois listes de gauche. En revanche, je sens une différence, celle des attentes des électeurs qui appellent de leurs vœux une union des forces de gauche. C’est l’idée du Printemps Toulousain. Si nous ne parvenons pas à nous unir, nous allons les décevoir, car ils ont bien compris qu’il n’y avait pas de grandes différences programmatiques entre nous, et qu’il ne s’agit que de bataille d’ego. Personnellement, je trouve même qu’il y en a moins qu’en 2020, quand certains totems comme la gratuité des transports, l’armement de la police municipale, les caméras de vidéosurveillance, la position vis-à-vis de l’aéronautique, la LGV, la Jonction Est… créaient des points d’achoppement entre nous. Aujourd’hui, tout le monde a mis de l’eau dans son vin et on est raccord !

« Si François Piquemal est un bon candidat de premier tour, il est le pire de second tour ! »

Si les questions programmatiques ne semblent plus poser de problèmes par rapport à 2020 selon vous, l’aura de La France Insoumise n’est plus la même qu’il y a cinq ans. Pensez-vous alors qu’une union de toute la gauche est envisageable ? Voire souhaitable pour la gauche ?
C’est la vraie question ! Est-ce qu’en partant derrière une bannière LFI au second tour, il est possible de gagner ? Le reste du “club des 6” estime que non. Moi, je ne suis pas sûr. Tout dépend de la tête de liste et du programme. Si notre liste arrive devant au premier tour, que l’on parvient à construire une image collective qui dépasse les accords, et que La France Insoumise n’est qu’une composante de l’union, je ne crois que ce soit problématique. Par contre, si LFI arrive devant au premier tour, là c’est compliqué… Si François Piquemal est un bon candidat de premier tour, il est le pire de second tour ! Il faut donc absolument limiter les listes de gauche à deux. Sinon, c’est la roulette russe ! Et François Piquemal dispose quand même d’un réservoir de voix important à Toulouse. Ce qui ne me dérange pas en soi, mais qui, dans cette configuration, peut jouer en la défaveur de la gauche.

Archipel : le trait d’union entre les forces de gauche

Concernant votre candidature, en quoi une tête de liste Archipel Citoyen serait préférable ?
Archipel a toujours eu, et j’y veille depuis la création en 2017, un ADN collectif. L’idée étant de faire émerger une marque plutôt qu’un ego. À l’image de Greenpeace ou Oxfam, dont personne ne connaît les présidents mais tout le monde identifie les actions. Et je pense l’avoir réussi, car si beaucoup savent ce qu’est Archipel Citoyen, ils ne se souviennent pas qui en était la tête de liste en 2020. C’est d’ailleurs un problème pour les partis car désormais, Archipel pèse, il n’est pas issu d’accords de partis, il a son propre ADN et son projet politique. Alors, c’est sûr qu’avoir Archipel Citoyen autour de la table, cela fait une part de gâteau en moins…
Je me suis engagé parce que j’assume d’aller “au carton” avec les partis, de négocier avec eux d’égal à égal, parce que se faire une place sur l’échiquier, c’est la garantie de pouvoir transformer le fonctionnement de la Municipalité de l’intérieur. Plus on aura d’élus dans une majorité, plus on pourra faire peser les sujets démocratiques. Il fallait donc participer à la course pour la tête de liste.
Je serai un leader libérateur ! Une tête de liste Archipel garantit la capacité à gérer un collectif. Nous sommes un trait d’union entre les différentes composantes de gauche. On est tout à fait capable de gérer une majorité qui va de LFI au PS. De plus, nous sommes complètement neutres vis-à-vis des enjeux nationaux. Et enfin, nous assurons la paix des braves entre le Parti Socialiste et les Écologistes. Sans parler du renouveau que nous représentons. Chez nous, pas d’éléphants de la politique.

« J’ai la bonne personnalité pour réussir à garder tout le monde dans le même bateau »

Mais pourquoi vous, Maxime Le Texier ?
D’abord parce que j’ai été plébiscité. Ensuite, parce que je pense que j’ai la bonne personnalité pour réussir à garder tout le monde dans le même bateau. Et puis, j’ai été élu pendant six ans. J’ai énormément travaillé pendant ce mandat. Je pense maintenant avoir une bonne maîtrise des dossiers. C’est reconnu d’ailleurs, à gauche comme à droite. Politiquement, je n’ai pas à rougir. J’ai beaucoup travaillé le fonctionnement de l’institution également. J’ai une carte à jouer vis-à-vis du grand public, avec mon côté rassurant, carré, sérieux, tout en étant moderne, différent. Une sorte de rupture tranquille. Par mes 20 ans passé chez Airbus en tant qu’ingénieur, je suis aussi à l’aise dans la dimension technocratique que peut avoir le mandat municipal.

Les choix d’Archipel Citoyen

manif Le Texier

© Archipel Citoyen

Vous dites être capable d’assurer le rassemblement, mais un an demi après avoir constitué le groupe d’opposition AMC, issu de la large liste de gauche de second tour des Municipales 2020, ce dernier a explosé
Il n’a s’agit là que de questions d’ego et non de divergences culturelles ! C’est pour cela que nous continuons à voter 98% des délibérations de la même façon. La raison pour laquelle les Verts sont partis, c’est une question d’ego, des deux côtés. Car nous avions aussi des personnalités assez clivantes dans le groupe. Sans compter la guerre entre LFI et les Écologistes qui s’est ravivée avec les élections régionales… Archipel Citoyen est resté avec La France Insoumise, parce qu’on nous a demandé de choisir entre papa et maman. Nous, les élus de la société civile, notre but était que l’opposition reste soudée pour prendre de l’élan pour 2026. Nous avons mis en place tout un système de gouvernance partagée pour que le groupe reste ensemble.

« La meilleure garantie d’un fonctionnement collaboratif et de gouvernance partagée, c’est d’être le maire »

Comment pouvez-vous garantir aux électeurs Archipel Citoyen que les partis ne tireront pas exclusivement les ficelles de cette alliance de gauche ?
Si je suis tête de liste, je suis le garant absolu du fonctionnement. Je suis très honnête quand on me pose la question, la meilleure garantie de tenir un mouvement, un fonctionnement collaboratif et de gouvernance partagée, c’est d’être le maire. Si je ne suis pas maire mais juste un membre de la majorité, je dirais que je ferai de mon mieux pour faire un lobbying démocratique, mais malheureusement… C’est pour cela qu’il y a un vrai enjeu sur la tête de liste.

Et si vous n’êtes pas désigné tête de liste ?
Nous ferons le dos rond et resterons dans l’alliance bien sûr ! L’idée est de battre Jean-Luc Moudenc et amener quelque chose de différent. Nous pèserons dans les différentes adjointures. Si nous obtenons une vice-présidence, comme Tisséo par exemple, nous pousserons, dans ces instances-là, pour amener une culture de la démocratie et pour rendre le pouvoir aux habitants, à notre échelle.