Jean-Pierre Rico, le maire de Pérols, avait été violemment pris à partie devant l’hôtel de ville de sa commune, le 31 janvier dernier. La police municipale s’était interposée.

Six mois de prison avec sursis avec mise à l’épreuve pendant deux ans, interdiction d’entrer en contact avec le maire de Pérols et de paraître à l’hôtel de ville de la commune, obligation d’indemniser l’élu et de rembourser les frais de justice engagés. Le tout, avec exécution provisoire.

C’est la sanction prononcée jeudi 11 septembre par le tribunal correctionnel de Montpellier à l’encontre de l’homme qui avait violenté et outragé Jean-Pierre Rico, le 31 janvier dernier devant sa mairie.

Venu consulter les comptes du club taurin

Le mis en cause, bien connu dans le milieu des courses camarguaises, s’était présenté à la mairie pour consulter les comptes du club taurin de Pérols. Le maire lui avait expliqué qu’il devait en faire la demande par écrit et l’avait raccompagné dans le calme. C’est en comprenant que la police municipale avait été alertée que l’individu s’en était pris à Jean-Pierre Rico, proférant des insultes et le saisissant par ses vêtements. Le maire avait déposé plainte.

À la barre du tribunal, le prévenu, 57 ans, dont trente passés dans la vie associative (football et course camarguaise) nie toute violence de sa part. « Pour vous, ce n’est pas de la violence de saisir quelqu’un par sa veste ? », lui demande la présidente, Ilana Lachkar. « Non », répond-il, expliquant cet incident par une bousculade qui serait survenue avec le maire et les policiers municipaux, dans le sas exigu de l’hôtel de ville, au moment où il partait. Par ailleurs, il nie les insultes et tout différend avec Jean-Pierre Rico.

Déjà condamné pour outrage et rébellion

« La police municipale a donc menti dans son rapport ? », l’interpelle la procureure Estelle Bois. « Oui, elle a menti », soutient le quinquagénaire, quatre condamnations au casier judiciaire, dont une pour outrage et rébellion.

L’avocate du maire de Pérols, Me Anne-Sophie Dehant, décrit un individu qui « explose » devant son client lors de cette altercation. « Monsieur Rico est de bonne composition car il aurait pu demander qu’on l’interpelle. Ce qui me dérange, c’est qu’il ne fait preuve d’aucune remise en question. Les maires sont de plus en plus attaqués par des citoyens. C’est quelque chose qu’il faut combattre ».

« Je m’étrangle quand j’entends monsieur dire que la police municipale a fait un faux. Si on avait voulu vous enfoncer, elle vous aurait passé les menottes », adresse la procureure au prévenu. Elle pointe un homme « qui a du mal à garder ses nerfs et à surveiller son langage » et requiert six mois de prison avec sursis probatoire pendant deux ans.

« L’enquête à décharge n’a pas été réalisée »

En défense, Me Khadija Aoudia, du barreau de Nîmes, hausse le ton pour dénoncer « une violation manifeste de l’article 66 de la Constitution » sur la protection de la liberté individuelle, et le recours du maire aux forces de l’ordre « alors qu’il n’y avait aucune infraction, aucun trouble à l’ordre public » lorsque son client s’est présenté à la mairie. L’avocate s’interroge en outre sur un rapport d’intervention qui correspond « mot pour mot » aux propos rapportés par Jean-Pierre Rico, et estime que « l’enquête à décharge n’a pas été réalisée ».

Après délibération, le tribunal a néanmoins suivi les réquisitions du ministère public en reconnaissant le prévenu coupable des faits reprochés.