Le « Plan Indépendance 200 » est officiellement activé. Face à ce qu’il considère représenter une menace d’une intervention militaire des États-Unis, le président vénézuélien, Nicolás Maduro a ordonné jeudi matin le déploiement de la Force armée nationale bolivarienne (FANB) sur le littoral « afin d’assurer la défense intégrale du pays ».
Un déploiement qui prévoit la participation de la FANB « avec tout son équipement, ses troupes et ses officiers, ainsi que les unités des Corps combattants et des Milices bolivariennes », a déclaré le leader de la révolution bolivarienne tout en précisant que le « plan de défense » comptait « 284 fronts d’action ».
Ils sont déployés « du nord au sud, d’est en ouest, sur toutes les côtes des Caraïbes, depuis la frontière avec la Colombie, depuis les Andes, depuis l’est du pays, y compris les côtes et les frontières vénézuéliennes », a souligné le chef de l’État, selon des propos rapportés par Telesur.
Plus tard dans la même journée, lors d’un congrès extraordinaire du Parti socialiste unifié du Venezuela, le président Maduro a annoncé l’organisation de débats dans plus de 60 000 comités du parti afin de définir les lignes d’action futures et notamment « préparer le pays à une éventuelle lutte armée ».
Donald Trump a envoyé sept navires de guerre et un sous-marin d’attaque dans les eaux internationales situées au large du pays sud-américain, rejoints la semaine dernière par dix avions de combat F-35 positionnés à Porto Rico. Nicolás Maduro, dont la tête est mise à prix par Washington qui l’accuse de diriger un « cartel de narcotrafic » et d’être à la tête d’un État « narcoterroriste », est persuadé que son homologue états-unien cherche à le renverser.
Un brutal changement de doctrine vis-à-vis de l’Amérique latine
Il faut dire que la pression est à son comble ces derniers temps dans la sous-région, notamment depuis le bombardement par le Pentagone, le 2 septembre dernier, d’une embarcation vénézuélienne composée, selon l’agence américaine, de « narco-terroristes ».
C’est la première opération militaire meurtrière menée seule par les États-Unis en Amérique latine depuis l’invasion du Panama en 1989, qui confirme un brutal changement de doctrine. Donald Trump s’affiche ouvertement déterminé à intervenir dans ce que les États-Unis ont souvent considéré être leur arrière-cour, en utilisant la force militaire.
Ce mardi, répondant à une question sur la possible condamnation de l’ex-président Jair Bolsonaro (2019-2023) par la Cour suprême fédérale du Brésil, la porte-parole du gouvernement américain, Karoline Leavitt, avait surpris allant jusqu’à menacer indirectement le Brésil.
Il a rappelé que l’affaire de l’ex-président d’extrême droite était « une priorité » pour son gouvernement, indiquant que « le président (Donald Trump) n’a pas peur d’utiliser la puissance économique et militaire des États-Unis pour protéger la liberté d’expression dans le monde entier ».
Le prétexte de la lutte contre le trafic de drogue pour faire tomber Maduro
Vis-à-vis du Venezuela, c’est le prétexte de la lutte contre le trafic de drogue que Washington utilise pour atteindre ce qui semble être son but non avoué : fermer le chapitre socialiste enclenché il y a vingt-cinq ans avec le début de la révolution bolivarienne.
Rejetant le recours à la « diplomatie des canonnières » lors d’un entretien, ce mercredi, avec l’ex-président équatorien Rafael Correa (qui sera par ailleurs présent à la Fête de l’Humanité ce week-end), Nicolás Maduro a affirmé que les véritables objectifs états-uniens sont liés à leur « intérêt pour le pétrole, le gaz, l’or et d’autres ressources stratégiques que possède le Venezuela ».
Bien que le président Trump n’ait pas ouvertement exprimé la volonté de provoquer un « changement de régime » dans le pays sud-américain, le média états-unien CNN rapporte des propos de sources de l’administration républicaine indiquant notamment que « l’attaque de (l’embarcation vénézuélienne du 2 septembre) n’était que le début d’une opération beaucoup plus vaste visant à éradiquer le trafic de stupéfiants dans la région et, éventuellement, à renverser Maduro ».
Selon ces mêmes sources, le locataire de la Maison blanche ne s’interdirait pas de « mener des frappes militaires contre les cartels de la drogue (…) à l’intérieur du pays ». Deux responsables de la Maison Blanche auraient aussi déclaré à CNN qu’une unité de marines menait « des exercices d’entraînement au débarquement amphibie » à Porto Rico.
Invasion militaire, attaque ciblée visant à décapiter le gouvernement, bombardements ayant pour objectif d’acculer Caracas… ou simple coup de bluff dans le cadre de la stratégie de « pression maximale » imposée au Venezuela depuis le retour de Trump à la Maison blanche ?
Toutes les options paraissent mises sur le Bureau ovale, mais le fait que la très influente revue Foreign Policy s’autorise à publier des articles indiquant un risque réel de « guerre » et titrés « Les États-Unis s’orientent lentement vers un changement de régime au Venezuela » n’augure rien de bon pour le projet politique révolutionnaire initié par Hugo Chávez.
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