Un « réseau à l’ancienne » mais branché sur les applis du XXIe siècle. Depuis le 11 septembre et jusqu’au 19, dix prévenus comparaissent devant la 33-1e chambre du tribunal judiciaire de Paris. À leur tête, Moustapha L., alias « Plata », accusé d’avoir structuré l’importation et la revente, entre autres drogues, de 3-MMC, synthèse désormais incontournable des nuits chemsex. Des allers-retours low-cost aux Pays-Bas, une clientèle ciblée dans les clubs gays d’Île-de-France et un business plan digne d’une start-up bricolée : l’audience retrace les rouages d’un trafic aussi banal que singulier.
Quand la présidente lui demande de quoi il vivait et comment il subvenait aux besoins de ses enfants avant son incarcération, Moustapha L. lâche un mot : « débrouillardise ». Parfois, ajoute-t-il, quelques missions d’intérim. Une réponse entendue à longueur d’après-midi dans les interrogatoires de personnalité des procès de trafiquants, et qui tranche toujours avec la lecture du casier judiciaire qui suit. Celui de Moustapha L., par exemple, est plus long que le bras : premières mentions en 2009 (usage illicite de stupéfiants), délits routiers, rébellion, offre et cession de produits prohibés (avec peine de prison), puis encore usage (2018, 2020) et violences sur personne dépositaire de l’autorité (2020).