Après plus de cinq ans d’enquête, l’Union européenne (UE) clôt le dossier qui l’opposait à Microsoft concernant l’intégration de Teams à ses suites Office. Et c’est une petite victoire pour le géant américain qui échappe à une amende potentiellement colossale.
Une affaire qui date de la pandémie
Il faut remonter à 2020 pour comprendre les tenants et aboutissants de cette affaire, alors que les applications de visioconférence étaient en plein boom. Slack, qui n’était pas encore rachetée par Salesforce, a alors saisi la Commission européenne pour dénoncer le comportement de Microsoft.
La firme de Redmond était accusée de profiter de sa position dominante pour imposer Teams en l’intégrant par défaut à ses suites Office 365 et Microsoft 365. En agissant ainsi, le groupe aurait faussé la concurrence au détriment des rivaux comme Slack ou Zoom.
Les régulateurs européens ont rapidement ouvert une enquête formelle, avant que la situation ne s’aggrave pour Microsoft. En juillet 2023, puis de nouveau en 2024 après une seconde plainte de la société allemande Alfaview, il lui a été reproché d’avoir donné un « avantage indu » à Teams, en limitant l’interopérabilité avec des services concurrents.
Sous pression, Microsoft a fini par bouger. Après des années de discussions, le géant des loficiels a présenté une nouvelle série d’engagements : proposer des suites sans Teams à prix réduit, permettre le transfert des données vers d’autres outils et améliorer l’interopérabilité. « Ces engagements aideront à restaurer une concurrence loyale et à ouvrir le marché », a réagi la Commission européenne.
© Dimitris Vetsikas / Pixabay Bruxelles et Microsoft veulent tourner la page
Ces concessions, valables pour sept ans, sont désormais juridiquement contraignantes : Microsoft doit les respecter au risque de se voir infliger une sanction. De quoi satisfaire Bruxelles ; Teresa Ribera, commissaire à la concurrence, a salué « une approche de régulation souple, mais efficace, adaptée aux marchés numériques ».
De son côté, Microsoft se dit soulagée. « Nous accueillons favorablement le dialogue avec la Commission qui a conduit à cet accord, et nous nous concentrons maintenant sur la mise en œuvre rapide et complète de ces nouvelles obligations », a commenté Nanna-Louise Linde, vice-présidente des affaires européennes.
Ce dénouement intervient dans un climat tendu entre l’UE et Washington. Donald Trump a récemment fustigé les « attaques injustes » de Bruxelles contre les géants américains et menacé d’imposer de nouveaux droits de douane. Après avoir infligé plusieurs milliards d’euros d’amende à Google, l’UE montre cette fois qu’elle sait aussi privilégier le compromis. Reste à voir si cette méthode convaincra les autres mastodontes de la tech.
- Le bras de fer entre l’UE et Microsoft autour de l’intégration de Teams dans Office arrive à son terme.
- L’entreprise a accepté de proposer des versions sans Teams, d’améliorer l’interopérabilité et de faciliter le transfert de données vers des concurrents.
- Ces concessions lui évitent une lourde amende.
📍 Pour ne manquer aucune actualité de Presse-citron, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.