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Ce vendredi, quatre prévenus sont jugés en comparution immédiate pour être resté dans l’attroupement malgré les sommations, pour des violences sur les forces de l’ordre, des outrages et même des rébellions. Le parquet entend se montrer inflexible. « S’il y a de nouvelles manifestations, chaque fait contre des policiers ou des gendarmes sera poursuivi en comparution immédiate. »
« Faire un exemple »
Le premier à passer, c’est Xavier, un trentenaire auquel il est reproché, notamment d’avoir mis un coup d’épaule à un policier. « Il m’a regardé droit dans les yeux, c’était un regard de défi », dira le policier. Le manifestant aurait ensuite tenté de résister à son interpellation.
Le prévenu reconnaît avoir crié « Tout le monde déteste la police », « pris dans l’ambiance » de la manifestation et plaide « un geste involontaire ». Ce vendeur conseiller en animalerie explique avoir suivi le cortège. « Je n’étais pas venu pour en découdre. » Le procureur Rodolphe Jarry, « effaré par ses explications », réclame 4 mois de prison ferme sous bracelet électronique.
Peu après 16 h 30, la tension a explosé rue O’Quin lors de la manifestation « Bloquons tout ».
A. Torrent
« Ce que demande le procureur, ce n’est pas de rendre la justice, mais de faire un exemple pour les prochaines manifestations », rétorque en défense Me Virginie Lambert. Elle obtient la relaxe sur la rébellion mais pas sur les violences. Xavier est condamné à 4 mois de prison avec sursis, un stage de citoyenneté.
Pierrafeu ou viking ?
Carrure plus large, Lucas est poursuivi pour avoir jeté un bâton à la tête d’un policier. Le projectile a rebondi sur la visière de son casque. Il a ensuite détalé, avant d’être rattrapé vers le parking de Verdun, où il a outragé des policiers, les traitant de « baltringues », lors de son interpellation.
« La journée a été longue »
« On y était depuis 5 heures du matin », rappelle le commissaire de la police en tenue qui a veillé à « encadrer une manifestation spontanée, non déclarée et très désorganisée ». « On a tout mis en œuvre pour que ça se passe bien. » Le tribunal lui demande s’il se souvient des outrages qui sont reprochés à un des prévenus. « La journée a été tellement longue et je me suis tellement fait insulter que je ne suis pas en mesure de rappeler les propos qu’il a pu tenir. »
Avant que ça ne dégénère, levant son t-shirt face aux policiers, il avait frappé son ventre avec son bâton, « un peu comme les vikings, en mode guerrier », a-t-il pu justifier. « Le bâton, je l’ai jeté par énervement mais je n’ai pas visé le policier », tente le prévenu. « Ce n’est pas une petite branche, c’est un gourdin ! s’agace Me Grégoire Barreau, l’avocat du policier. C’est plus une attaque de Pierrafeu que de Viking. Il va jeter ce gourdin au visage du premier policier venu. »
Six mois de prison ferme sous bracelet électronique et un stage de citoyenneté sont requis. « Il n’a pas voulu le blesser », oppose Me Lambert, en défense. « Je ne dis pas que c’est bien, je regrette quand même, je ne suis pas quelqu’un de violent », lâche le prévenu, boucher en reconversion professionnelle. Il est condamné à 6 mois de prison avec sursis et un stage de citoyenneté.
« Rien ne bouge quand on est calme »
Jade, 24 ans, se présente à son tour. Saisonnière dans l’agriculture, elle vit avec ses chiens dans son camion à Oloron. C’est parce que « rien ne bouge quand on est calme », que cette habituée des manifestations reconnaît avoir « pété les plombs ». Bâton en main, elle a insulté toute la journée les forces de l’ordre et jeté des « œufs pourris » et une canette de bière « en pleine tête » des gendarmes mobiles, en faction devant la préfecture.
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Un « trop-plein d’énervement » dirigé particulièrement sur une jeune militaire, « deux ans plus jeune qu’elle » note la vice-procureur Béatrice Bioux. Le commissaire Homar Ajdid, témoin des faits, relate « une hostilité constante et une volonté d’humilier ». Jade a même pris une photo de la militaire outragée, « pour garder un souvenir, ça me faisait plaisir ».
« J’aurais pu faire autrement mais j’avais des choses à revendiquer » ajoute celle qui voulait ainsi dénoncer « les bavures policières » et promet « de faire différemment la prochaine fois ». Son avocat Me Ludovic Tardy, minimisant les violences, conteste les 4 mois ferme aménageables requis pour cette jeune femme sans antécédent. Le tribunal s’en tient à 6 mois de prison avec sursis et un stage de citoyenneté.
Croquettes et jets de projectiles
Enfin, il y a Robin, 28 ans, jardinier à son compte dans un village de l’Ouest-Béarn. Il est venu manifester avec sa compagne avec comme slogan : « Pour des croquettes moins chères ». Un trait d’humour qui tranche avec les faits. Ignorant les sommations devant le commissariat, il a jeté sa fameuse pancarte, « par réflexe » dit-il, sur les policiers avant de prendre la fuite. Puis il est revenu vers un groupe de fonctionnaires « affairés et de dos ». Là, « il a armé son bras et jeté une bombe de peinture ». Un officier, non casqué, a été atteint au niveau du cou.
« Nous n’étions plus sur la baisse revendiquée du prix des croquettes… » commente le vice-procureur Sébastien Baraldi. Il requiert 4 mois ferme aménageables. « Il n’est pas venu casser du flic ! affirme Me Florence Brus. S’il revient, c’est parce que sa femme est en train de se faire interpeller ». Le tribunal l’a relaxé des faits de rébellion lors de son interpellation. Pour le reste, Robin s’en sort avec 4 mois de prison avec sursis et un stage de citoyenneté