Par
Manon Reinhardt
Publié le
12 sept. 2025 à 16h38
Klaxons, rassemblements, cris, points de drogue, rixes… Charlotte* n’en finit plus d’énumérer les nuisances auxquelles elle est confrontée presque toutes les nuits. Cette habitante vit dans le très prisé Carré d’or, sur l’avenue Hôtel des Postes près de la place Masséna à Nice (Alpes-Maritimes). Mais son quotidien s’est transformé en véritable cauchemar. La cause ? Une boîte de nuit, à quelques mètres de chez elle. Au bout du rouleau, elle a engagé un avocat qui constitue un dossier. Témoignage.
Cris, regroupements, musique à fond, protoxyde d’azote…
Charlotte a toujours vécu en cœur de ville. Le bruit, elle connaît. Mais les nuisances nocturnes qu’elle explique subir lui sont devenues insupportables. Son double vitrage en étage élevé ne parvient plus à contenir les cris et les coups de klaxon en pleine nuit. Elle raconte comment la discothèque 305 Vice Club – anciennement Maze – lui fait vivre un véritable enfer.
C’est en 2019 qu’elle emménage tout proche de l’établissement. Mais depuis des mois, les nuisances sont montées d’un cran. « Ça a commencé à repartir en live en octobre dernier quand il y a eu une très grosse rixe », retrace-t-elle.
Elle décrit des rassemblements entre 3h et 6h du matin, des hurlements, des coups de klaxon, du « rap à fond » provenant des véhicules des clients, des bagarres, des « kebabs sauvages » et plus récemment, l’apparition de points de vente de protoxyde d’azote « sous les caméras de surveillance ».

La discothèque est située dans la rue Chauvain en plein centre de Nice, à deux pas de la place Masséna. (©Manon Reinhardt / actu Nice)

Des points de deal de protoxyde d’azote s’installeraient régulièrement à l’angle de la rue, sous la caméra de surveillance. (©Manon Reinhardt / actu Nice)
La discothèque déjà avertie par la mairie
« On retrouve des bouteilles, des ballons sur le trottoir », poursuit-elle. Du mardi au samedi, Charlotte est extraite de son sommeil. « Les conséquences, ce sont la fatigue d’abord. Je suis cheffe d’entreprise, j’ai deux enfants. Quand on ne dort plus, c’est difficile. Puis l’impact sur ma santé mentale bien sûr. »
Et elle n’est pas la seule à se plaindre. La Niçoise a décidé de faire appel à un avocat afin d’entamer une procédure collective. Procédure qu’elle paie de sa poche. Elle a recueilli une quinzaine de témoignages de voisins, commerçants ou encore hôteliers, eux aussi gênés par les clients de l’établissement.
En juillet dernier, le 305 Vice Club a reçu un avertissement de la mairie de Nice, le menaçant de fermeture administrative « en cas de nouvelles infractions ».
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Un deuxième club arrive bientôt… à côté
Dans un courrier adressé à l’avocat de Charlotte, qu’actu Nice a pu consulter, les services municipaux mentionnent que l’exploitant de la discothèque « s’est engagé à sensibiliser l’ensemble de son personnel, et notamment son service de sécurité, mais aussi à prévenir tout comportement ou regroupement susceptible de générer des nuisances sonores ou troubles à l’ordre public, et particulièrement lors des sorties de clientèle ».
Problème, la riveraine dit n’avoir constaté aucune amélioration depuis. Elle continue à filmer « systématiquement » les incivilités. Cette dernière est d’autant plus inquiète qu’un second établissement de nuit va bientôt s’installer juste à côté du 305 Vice Club.
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Madame Arthur, célèbre cabaret parisien, va prendre ses quartiers dans l’ancienne Bodeguita. Le lieu devrait se transformer en club après ses spectacles. « Je ne comprends pas comment la Ville a pu lui délivrer la même autorisation d’ouverture de nuit », pointe la Niçoise.

Les commerçants ramassent régulièrement des déchets sur le trottoir le matin, provenant de la discothèque. (©Manon Reinhardt / actu Nice)« Je ne lâcherai pas le morceau »
« J’adore mon quartier, j’adore mon appartement, tout le monde s’entend bien, les habitants et les commerçants, mais ce club est une verrue. Les hôtels ont essayé de discuter avec eux mais ils n’en ont rien à faire », jure-t-elle. Certains voisins auraient même décidé de déménager.
Elle est désormais prête à aller en justice. Preuves à l’appui. « Pas le choix, et je ne lâcherai pas le morceau. » Contacté, l’établissement n’a pas répondu à notre rédaction.
Les déchets finissent devant la pharmacie
Interrogée par actu Nice, Anne, qui tient la pharmacie à l’angle Hôtel des Postes/Chauvain, confirme le ras-le-bol. Si elle n’est pas impactée par les nuisances nocturnes, elle retrouve chaque matin les stigmates de la nuit passée devant son commerce.
« Nous, il faut que l’on nettoie tous les matins. Les mégots, les bouteilles d’alcool, des boissons dont on ne sait pas ce qu’il y a dedans, des ballons de protoxyde d’azote, c’est dégoûtant. Devant la pharmacie, partout », raconte-t-elle. « Quand c’est trop important, on appelle les services de la Ville pour qu’ils viennent nettoyer. » Plus largement, elle estime que le quartier « s’est dégradé » depuis plusieurs années.
*Le prénom a été modifié
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