Publié le
12 sept. 2025 à 18h50
Depuis plusieurs années, le groupe Eiffage réclame 4,7 millions d’euros à Bordeaux Métropole. La raison : des complications rencontrées durant la construction d’un nouvel ouvrage à Bordeaux-Lac. L’entreprise de concessions reproche à la collectivité de ne pas avoir payé le surcoût causé par ces difficultés. Le conseil d’Etat a rendu son verdict sur cette histoire.
Une première instance en 2021
En 2021, le groupe de travaux publics s’était vu octroyer en première instance, un peu plus d’un million d’euros par le tribunal administratif de Bordeaux. Mais la métropole était parvenue en appel, en février 2024, à ramener la note à 164.000 €. Toutes les parties avaient alors saisi le Conseil d’Etat, s’estimant insatisfaites de cet arrêt.
« Bordeaux Métropole a confié à Eiffage TP Sud-Ouest, un marché de travaux publics portant sur la réalisation d’un nouvel ouvrage de franchissement supérieur de la rocade, au niveau de l’échangeur 4b à Bordeaux-Lac », commence donc par resituer le Conseil d’Etat dans un arrêt en date du 22 juillet 2025 qui vient d’être rendu public. « Après la réception de l’ouvrage assortie de réserves, levées le 23 décembre 2014, un différend est né entre Eiffage et Bordeaux Métropole au sujet du décompte général du marché. »
Le groupe de travaux publics considérait en effet que la collectivité lui devait toujours 4,7 millions d’euros pour des « travaux supplémentaires » initialement non prévus, mais aussi et surtout pour les « surcoûts » liés à l’arrêt des travaux : des « désordres » étaient apparus « sur un ouvrage existant mitoyen », à savoir le « pont des hôtels » de la zone du Parc des expositions et du stade Atlantique (nommé Matmut Atlantique à l’époque).
Les techniques de forage
Lors des travaux, deux techniques de forage étaient possibles. « Au regard du rapport géotechnique préalable, qui soulignait la mauvaise qualité du sol, le Cahier des clauses techniques particulières (CCTP) a prescrit la mise en oeuvre d’une technique de forage par pieux forés, de type foré-boue ou foré-tubé », détaillent les juges parisiens. Eiffage avait alors opté pour la première, qui « ne génère pas de vibrations« .
Mais une « intervention » de la Direction régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL), qui « s’inquiétait du rejet de boues polluées à la bentonite » dans les eaux du lac, avait poussé les architectes et les bureaux d’études à demander à l’entreprise de travaux publics de finalement préférer la seconde technique de forage.
Problème : les « rampes d’accès » du « pont des hôtels », auquel le nouveau franchissement devait s’accoler, avaient alors subi des « désordres » du fait du « tassement » des remblais. Le sol y était « très compressible » mais le phénomène avait été « accéléré par les vibrations engendrées par le forage des pieux », selon les experts. S’en étaient alors suivis quatre mois d’arrêt pour le chantier, se plaignait Eiffage, et une « nécessaire réorganisation du phasage » des travaux avec les autres entreprises intervenant dans ce marché.
Votre région, votre actu !
Recevez chaque jour les infos qui comptent pour vous.
« L’arrêt du chantier résultait exclusivement des conséquences de l’utilisation d’un procédé de forage inadapté et non d’un défaut d’entretien de cet ouvrage par la métropole », confirme à son tour le Conseil d’Etat, rejoignant en cela les conclusions de la cour administrative d’appel de Bordeaux. La métropole a néanmoins commis une « faute » en « s’abstenant d’intervenir dans le choix de la nouvelle méthode d’implantation des pieux » : elle « ne pouvait ignorer le mauvais état initial du « pont des Hôtels », ni la mauvaise qualité du sol ».
« Le maître d’œuvre et le bureau de contrôle technique avaient également commis des fautes », rappelle-t-il. Le Conseil d’Etat a alors rejeté les pourvois qui avaient été formés dans ce dossier des « surcoûts » de l’extension en 2012 de la ligne C de tramway de Bordeaux.
GF (PressPepper)
Personnalisez votre actualité en ajoutant vos villes et médias en favori avec Mon Actu.