Bernard Bordier, de Tours (Indre-et-Loire) : « Lorsque j’ai vu les présidents Poutine et Trump se serrer la main, presque se donner l’accolade, j’ai pensé que la paix en Ukraine était peut-être en bonne voie… Les conclusions de cette rencontre risquent de se mesurer encore en nombre de morts pour une question de territoire.

« J’ai mal mesuré cette rencontre avec tapis rouge, congratulations, applaudissements du président Trump. En fait, il s’agissait d’un mauvais remake de la chanson d’Aznavour : “ Viens voir les comédiens, les magiciens, qui arrivent. ” Les comédiens ont donné la parade à grand renfort de tambours… Comme d’habitude, la guerre consiste à se battre entre eux des gens qui ne se connaissent pas, par des gens qui se connaissent très bien. »

Anchorage-Munich

Joël Goring, de Niort (Deux-Sèvres) : « La géopolitique a changé depuis 1938. Les empires coloniaux français et britanniques ont disparu. Bien que voulant revenir vers l’isolationnisme, les États-Unis sont commercialement plus présents sur la scène internationale. Toutefois, les dictatures et les gouvernements autocratiques foisonnent sur tous les continents avec des interconnexions.

« L’ours russe est un danger mortel pour la démocratie dans le monde »

« En recevant Vladimir Poutine sur le sol américain, Donald Trump a commis la même erreur que Franklin Roosevelt qui appelait Staline “ Uncle Joe ”, et on connaît la suite quelques années après. En arborant un débardeur avec le sigle USSR, Sergueï Lavrov a exposé de manière très explicite, mais fort peu diplomatique, le dessein expansionniste russe.

« Comme Hitler, Poutine a soif d’annexion de territoires et rien sauf la force ne l’arrêtera. Comme Hitler, dont tout le monde savait que sa signature ne valait rien, tout le monde sait que la parole de Poutine n’est que du vent, il a un objectif qu’il veut atteindre à tout prix.

« Les dirigeants de la “ coalition des volontaires ” sont moins naïfs qu’étaient Daladier et Chamberlain en 1938, mais le pire est que l’opinion publique française est amorphe. À l’époque, on pensait que Daladier avait sauvé la paix… Malgré l’importance des médias qui relatent cette guerre et dont les retransmissions devraient choquer, interpeller, nous regardons notre nombril, en refusant tout effort. »

Intégrité

Jean-Pierre Bouvier, de Montrichard-Val-de-Cher (Loir-et-Cher) : « Quand j’ai eu 18 ans, j’ai voulu rayer définitivement de mon vocabulaire l’expression “ Tous pareils ! ” que je trouve à vomir. J’avais presque réussi, mais en considérant l’exemple des élites qui nous gouvernent, j’ai pleuré de rage, oui, j’ai pleuré de rage devant cet échec lamentable.

« Pratiquement trente ans se sont écoulés depuis cette première tentative. Et je constate que les événements ne plaident toujours pas en leur faveur, bien au contraire. Peu importe d’où ils viennent, de l’une des plus grandes puissances mondiales, de l’Europe, de l’Assemblée nationale, du Sénat ou de l’exécutif.

« Peu importe de quel parti ils sont. Il n’y a plus un seul politicien au monde pour rattraper tous les autres. Sauf, peut-être, le président ukrainien Volodymyr Zelensky : c’est le dernier homme d’État que je peux considérer comme réellement intègre. Mis à part lui, nos politiciens sont vraiment… tous pareils ! »

« On savait »

Jean-Michel Fidanzi, de Déols (Indre) : « A quoi sert l’histoire, quand elle bégaie sans tirer les conséquences des tragédies d’hier, quand les victimes d’hier sont les bourreaux d’aujourd’hui, quand le silence d’hier du “ on ne savait pas ” se brise devant les images et les mots d’aujourd’hui, pour décrire l’horreur qui se joue à quelques heures d’avion de nos pays en paix ?

« Chez nous, voilà des mois à s’écharper entre pro-Palestiniens et pro-Israéliens pour qualifier de terroriste et d’inacceptable l’inqualifiable attaque du 7 octobre 2023 par un Hamas peu enclin à la paix, ou pour attribuer le terme de génocide à la guerre menée à Gaza, mais aussi en Cisjordanie par Netanyahou et son équipe, tout aussi peu enclins à la paix.

« Dans l’Est européen, les bons et le méchant sont plus clairement identifiés, mais que de querelles et de perte de temps pour définir le niveau de notre engagement pour vraiment peser sur ce conflit. Dans le ghetto de Gaza ou les rues des villes ukrainiennes, les civils souffrent et meurent de faim ou sous les balles d’États surpuissants militairement que le Guignol américain, ancien gendarme du monde tombé dans la même folie autocratique, fait semblant de condamner, de menacer pour le triste résultat qu’on déplore tous les jours devant nos écrans.

« Et que penser du silence assourdissant des pays du Golfe, pourtant si prompts à montrer leur pouvoir financier et économique et à s’inviter à la table des grands de ce monde, quand on assassine leurs frères de Palestine ou quand Tsahal élimine délibérément leurs ressortissants, journalistes “ privilégiés ” au cœur du huis clos qu’impose Israël sur le drame quotidien de Gaza ?

« Condamner ne suffit pas, il faut agir sur les leviers à notre disposition : cesser réellement nos ventes d’armes ou de leurs composants à Israël, en les affectant pourquoi pas à l’Ukraine ; durcir et appliquer nos sanctions économiques ; mettre en œuvre le droit international bafoué par ces fous qui gouvernent à Moscou ou Tel-Aviv, menacent la démocratie et l’équilibre mondial à Washington, Pékin ou Buenos Aires et l’unité européenne à Budapest, Bucarest ou Bratislava.

« C’est à ce prix que nous ne serons pas les “ on ne savait pas ” de ce 21e siècle et que l’histoire cessera enfin de bégayer, douce utopie à laquelle nos dirigeants devraient souscrire s’ils aimaient leurs peuples, la paix, la vie… »

Différence d’accueil

Sylvio Le Blanc, de Montréal (Canada) : « L’histoire retiendra que Trump a applaudi le criminel de guerre Poutine lorsque celui-ci marchait sur le tapis rouge, qu’il lui a chaleureusement souri et serré la main, puis qu’il l’a invité à monter dans sa limousine. Tout un contraste avec l’accueil hostile réservé au président ukrainien Volodymyr Zelensky le 28 février dernier, à la Maison-Blanche, dont le pays démocratique indépendant a été envahi par la Russie en février 2022.

« Lorsque l’Irak a envahi le Koweït en 1990, les États-Unis n’ont pas mis beaucoup de temps pour organiser la riposte. Mais aujourd’hui, ils s’écrasent devant l’ours russe, alors qu’il est un danger mortel pour la démocratie dans le monde. »