Ce ne sera finalement pas le Patriot américain. Ce système de défense aérienne à longue portée a été écarté par le gouvernement danois, au profit d’une solution franco-italienne, le SAMP/T NG. Un choix complété par trois autres systèmes européens à moyenne portée, a précisé le ministre de la Défense, Troels Lund Poulsen, vendredi 12 septembre. Le tout pour un montant de 58 milliards de couronnes, soit 7,77 milliards d’euros.

“C’est à comparer avec les 16 milliards de couronnes [2,1 milliards d’euros] déboursés pour l’achat de 27 avions de combat F-35 [américains], ce qui représentait alors le plus gros achat d’armes jamais effectué par le Danemark”, note l’agence de presse Ritzau dans une dépêche publiée sur le site du quotidien Politiken.

Le montant total des contrats annoncés vendredi correspond également à plus du double de ce que le gouvernement danois avait prévu initialement, en 2024, de dépenser pour se protéger contre des missiles, des avions et des drones ennemis, constate Ritzau.

Une affaire de délais

Copenhague compte recevoir les premières unités des systèmes de moyenne portée avant même la fin de cette année et les SAMP/T NG à partir de fin 2028. Les délais de livraison ont été l’un des facteurs décisifs dans les choix opérés, a précisé le ministre libéral. “Il y a un délai d’attente très long pour les Patriot”, a-t-il souligné devant une caméra de TV2, assurant que le royaume n’était pas opposé à acheter américain, bien au contraire.

Cela dit, la décision de se détourner du Patriot – choisi par bon nombre de pays européens, dont l’Allemagne, la Suède et la Pologne – risque fort de déplaire à Washington, estiment des journaux danois.

“On prend donc le chemin inverse [de ces pays], avec le risque de détériorer les relations avec le président Donald Trump, qui sont déjà au point mort en raison de ses revendications sur le contrôle du Groenland”, analyse le rubricard défense de Berlingske, titre de centre droit.

Menace russe

“Le choix de fournisseurs européens s’inscrit dans la volonté générale en Europe de renforcer l’industrie de défense du continent dans un contexte où les relations avec les États-Unis sont devenues fondamentalement plus incertaines”, pointe de son côté le quotidien de centre gauche Politiken.

Outre le SAMP/T NG produit par le groupe franco-italien Eurosam, le gouvernement dirigé par la sociale-démocrate Mette Frederiksen a opté pour des systèmes à moyenne portée norvégien (NASAMS), allemand (IRIS-T) et français (VL MICA).

Le royaume ne dispose plus d’aucune défense aérienne basée au sol depuis 2004, alors que la Russie ne représentait plus une menace suffisante aux yeux des Scandinaves. Depuis, cette défense aérienne n’est assurée que par des avions de combat et des frégates équipées de missiles, alors que “la situation n’a cessé de s’aggraver”, ajoute Politiken.