L’Anglais, qui fit les beaux jours de Montpellier en 2022, est de retour en France. Assoiffé de revanche et affamé de jeu. Récit d’un retour en force.

Avant que la saison ne débute, le manager du RCT, Pierre Mignoni, avait glissé, avec un sourire entendu : «Je le crois revanchard par rapport à son aventure anglaise. Vous lui demanderez un peu plus…» Avant de donner la parole à l’intéressé, un petit rappel s’impose. Zach Mercer, lassé de ne pas avoir sa chance avec le XV de la Rose, débarque, durant l’été 2021, à Montpellier. Presque en anonyme.

Il a 24 ans, un titre de champion du monde junior qui remonte à 2016 et deux bouts de sélection sans lendemain. Un CV inversement proportionnel à son abattage sur le terrain. Un troisième-ligne plaqueur et omniprésent sur chaque point chaud, également habile ballon en mains pour assurer la continuité du jeu.


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Le XV de la Rose se refuse à lui

Au MHR, sa cote explose. Dès sa première saison, il emmène Montpellier en finale, y envoie Arthur Vincent à l’essai d’un coup de pied rasant, soulève le bouclier de Brennus avec ses coéquipiers, seule rature dans l’hégémonie toulousaine depuis 2019. Dans la foulée, Zach Mercer est élu par ses pairs meilleur joueur de la saison de Top 14.

Il effectue sa seconde saison dans l’Hérault en prévenant qu’il repartira en Angleterre à son terme. Le sélectionneur anglais lui a fait miroiter une place dans le groupe qui disputera la Coupe du monde 2023 à condition qu’il rentre au bercail. Il signe donc à Gloucester. Un choix fort, une volonté assumée. Pour une terrible désillusion. Il n’est pas retenu dans le squad du XV de la Rose.

Je préfère tout donner pour être un grand joueur de club que de courir après une carrière internationale qui ne veut pas décoller

Comment a-t-il vécu cette trahison donc ? «Pour ce qui est du rugby, j’ai mis du temps à le digérer, mais c’est désormais clair dans ma tête : je préfère tout donner pour être un grand joueur de club que de courir après une carrière internationale qui ne veut pas décoller, a-t-il confié à Var Matin. Peut-être que mon visage ne leur revenait pas ? Ou simplement que mon profil n’était pas celui attendu ? En tout cas, qu’importe, ce n’était probablement pas mon histoire…»

Aujourd’hui, il le jure, l’amertume est passée. «Je me suis donné les moyens de postuler, en prenant la décision de rentrer en Angleterre pour tenter ma chance. Elle n’est pas venue. En revanche, j’ai passé deux belles années à Gloucester, où j’ai aimé ce club, et surtout où j’ai vu naître mes deux enfants.» Et il est ravi de son nouveau défi français, cette fois au RCT. «Finalement, regardez où ça me mène : je porte le maillot de Toulon, l’un des plus grands clubs du monde, si ce n’est le plus grand. Que demander de plus ?»

Il ne faut pas beaucoup de temps à Zach Mercer pour en demander plus. Soulever à nouveau le bouclier de Brennus, remporter la Champions Cup, il ne fait pas mystère de ses grandes ambitions. Qui ne sont pas sans rappeler celle de son compatriote, et légende du RCT, Jonny Wilkinson…


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Revanchard, certainement. Mais également dans sa meilleure forme physique et mentale. En novembre dernier, le troisième-ligne s’est gravement blessé : rupture du ligament croisé antérieur du genou gauche. Fin de saison et huit mois sans rugby. Et même sans club puisqu’il révèle que «Gloucester ne voulait plus que je sois au club. J’étais donc chez moi, à faire ma propre rééducation avec un kiné privé…»

Je sens comme un renouveau. Dans la tête, dans le corps. Là, j’ai fait du frais, et j’ai plus faim encore

C’est donc avec une envie décuplée et une fraîcheur inédite qu’il retrouve les terrains. «Cette blessure a, finalement, été une opportunité inouïe d’aider mon corps à récupérer. Je suis pro depuis l’âge de 18 ans, je n’avais jamais eu de réelle interruption pour lui permettre de se régénérer, a-t-il raconté à L’Équipe. C’est sain de prendre de la distance avec le rugby, de prioriser autre chose. J’ai enfin pu passer du temps avec ma famille. J’ai deux enfants en bas âge (..), j’ai pu me rendre disponible. Ça m’a fait un bien fou…» En conférence de presse, il confirmera les bienfaits de cette pause forcée. «Je sens comme un renouveau. Dans la tête, dans le corps. Là, j’ai fait du frais, et j’ai plus faim encore.»

Il l’a démontré dès sa première avec le maillot au muguet, samedi dernier à… Montpellier. Où il a joué un vilain tour à son ancienne équipe. Victoire de Toulon 27 à 17, avec, au passage, un essai à son actif. Sans regret ? «Mon histoire à Montpellier était magnifique. J’en garde beaucoup de souvenirs mémorables. Mais j’aime les nouvelles aventures, les nouveaux défis. Et j’aurais été fou de refuser Toulon, avec un tel effectif, un super coach et un endroit à part», a répondu Zach Mercer au Midi Libre. Avant d’ajouter : «J’ai voulu créer quelque chose de nouveau ailleurs. Je veux gagner des titres avec Toulon ces trois prochaines saisons et je suis très enthousiaste à l’idée de ce défi.» Pierre Mignoni avait raison. Zach Mercer est (très) revanchard.