Un rapport publié le 8 septembre par les ministères de la Culture et de l’Éducation, souligne que le septième art est « l’exact antidote à ce fléau », car il pousse vers un « imaginaire structuré ». En moyenne, les 8-12 ans passent plus de 4 h 45 par jour devant les écrans.
L’éducation au cinéma constitue « l’exact antidote » à l’addiction des jeunes aux écrans et doit être préservée et renforcée dans les établissements scolaires, plaide un rapport remis lundi 8 septembre aux ministères de la Culture et de l’Éducation. « L’éducation au cinéma constitue […] la meilleure éducation aux écrans », écrit son auteur, l’ex-directeur général de l’enseignement scolaire Édouard Geffray, qui s’inquiète notamment du temps passé par les 8-12 ans devant les écrans (4h 45 par jour) où ils sont « enfermés dans des bulles de contenus courts ».
« Le cinéma constitue l’exact antidote à ce fléau », diagnostique Édouard Geffray. « Il est le seul dispositif attentionnel qui permette aux jeunes d’accéder, de manière ininterrompue et collective, à un imaginaire structuré ». Son rapport appelle donc à préserver et renforcer le dispositif Ma classe au cinéma, né en Normandie à la fin des années 1980 et étendu, depuis, à l’ensemble du pays. Deux millions d’élèves en bénéficient actuellement en se rendant au cinéma avec leur classe grâce à un prix du billet préférentiel (de 2,50 à 3,80 euros).
Ce dispositif est toutefois « exposé à des vulnérabilités », selon le rapport qui pointe des problèmes de financement, la place « insaisissable » de l’éducation à l’image dans les programmes ou l’impact de différentes réformes sur la disponibilité des enseignants. Le rapport évoque également « les risques croissants d’une autocensure » du côté des enseignants qui peuvent renoncer à des projections par crainte de heurter la « sensibilité » de parents ou d’élèves. Cette préoccupation demeure minoritaire mais « constitue un élément d’atmosphère qui rétroagit sur l’ensemble de la chaîne », estime le rapport.
19 recommandations
Au total, Édouard Geffray formule 19 recommandations, dont l’intégration dans les programmes scolaires de l’éducation au cinéma et à l’image afin d’étendre « autant que possible la fréquentation des œuvres cinématographiques ». Le document appelle aussi à « préserver » les formations dont disposent les enseignants pour Ma classe au cinéma et à créer un statut de « professeur ami du cinéma ».
En recevant ce rapport qu’elles avaient commandé, la ministre de l’Éducation Élisabeth Borne a, dans un communiqué, qualifié l’éducation à l’image de « nécessité démocratique » tandis que son homologue à la Culture Rachida Dati a jugé « urgent de repenser la façon dont nous éduquons les regards ».