Le nom de Juliana Morell ne vous dit peut-être rien. Mais à Avignon (Vaucluse), et surtout pour certaines féministes, ce patronyme résonne. En 1608, cette jeune femme, âgée de 14 ans, bouscule les codes sociaux de l’époque en soutenant sa thèse face à un parterre de docteurs et d’érudits, tous masculins. Cette prouesse lui vaut le titre de docteure en droit, du moins officieusement, rapporte Ici Vaucluse

Juliana Morell a un destin hors du commun. Née à Barcelone en 1594, elle fuit avec son père, juriste, l’Inquisition espagnole. Direction Avignon. Au XVIIe siècle, la ville est un territoire pontifical où cohabitent intellectuels et scientifiques. Une destination idéale pour la brillante Juliana, qui inscrira son nom aux côtés des plus grands.

Un débat universitaire en latin à 12 ans

La jeune fille est une élève exceptionnellement douée. Elle maîtrise le latin, le grec, l’hébreu, les mathématiques et la philosophie morale. Oratrice talentueuse, elle se fait remarquer lors d’un débat universitaire organisé à Lyon alors qu’elle n’a que 12 ans. Une prestation en latin, menée de bout en bout, aussi exceptionnelle qu’inédite. À l’époque, les femmes n’ont pas vocation à monter à la tribune, et celles instruites à ce niveau sont rarissimes.

Après la reconnaissance d’avoir été la première femme docteure en droit de l’histoire – même si le diplôme ne lui a jamais été remis – Juliana Morell se conforme aux normes sociales de son temps. Le couvent dominicain Sainte-Praxède à Avignon devient son refuge. Elle y devient prieure et réformatrice. Jusqu’à sa mort en 1653, elle écrit, traduit des textes spirituels et correspond avec des intellectuels. Malgré cette retraite anticipée, elle est considérée comme l’une des premières femmes savantes européennes.