LUDOVIC MARIN / AFP
Le ministre de l’Economie Eric Lombard a « pris acte » de la dégradation de la note française, trois jours après la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon.
DETTE – Fini le double A de l’économie française. En pleine incertitude politique et budgétaire, l’agence de notation Fitch a abaissé vendredi 12 septembre la note souveraine de la dette de la France à A+. Une décision à laquelle le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu pouvait s’attendre mais qui vient lui confirmer l’ampleur de la tâche qui l’attend.
Car la première agence à revoir sa notation avant même le début de l’automne dit sanctionner l’instabilité politique persistante et les incertitudes budgétaires. Selon Fitch, ces deux facteurs contrarient l’assainissement de comptes publics très dégradés. Pointant la « fragmentation et la polarisation croissante » de la politique, Fitch estime dans un communiqué que « cette instabilité affaiblit la capacité du système politique à mettre en œuvre une consolidation budgétaire d’ampleur ».
Elle juge improbable de ramener le déficit public sous 3 % du PIB en 2029 comme l’ambitionnait le gouvernement sortant pour remettre la France dans les clous européens. Car selon Fitch, il est évident que Sébastien Lecornu -pour obtenir un budget pour l’année 2026- devra réduire l’ampleur de l’effort budgétaire que François Bayrou avait envisagé à 44 milliards d’euros l’année prochaine. De quoi compromettre l’objectif d’un déficit projeté à 4,6 % l’an prochain : l’agence de notation le voit rester d’ailleurs supérieur à 5 % en 2026 et 2027.
Lecornu consulte tous azimuts pour faire son budget
Le ministre sortant de l’Économie, Éric Lombard, a dit prendre « acte » de la décision de l’agence. Pour François Bayrou, qui a dénoncé à l’envi la colossale dette française, « un pays que ses “élites” conduisent à refuser la vérité est condamné à en payer le prix ». À l’opposé, Éric Coquerel, président LFI de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, voit dans cette dégradation le résultat de « deux mois (d’)un discours catastrophiste sur la situation financière du pays ».
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Nommé mardi à Matignon, Sébastien Lecornu est engagé dans une course contre la montre pour présenter dans les temps un budget 2026 qui puisse échapper à la censure des oppositions, notamment celle du PS qui réclame de revenir sur la réforme des retraites et de mettre en place une taxe Zucman sur les plus hauts patrimoines. Il a également commencé à consulter les partenaires sociaux, dans un climat social tendu qui se traduira par une journée intersyndicale de mobilisation le 18 septembre.
Cet abaissement, le deuxième par Fitch depuis avril 2023, peut laisser préfigurer d’un mouvement similaire par les deux autres grandes agences mondiales de notation, Moody’s le 24 octobre et S&P le 28 novembre.