La Marseillaise : La loutre est donc bien revenue sur le pourtour méditerranéen ?
Simon Lacombe : Oui, tout à fait, en région Paca et en Occitanie. Ce qu’il s’est passé reste hypothétique, mais nous pouvons supposer qu’elle est revenue en Paca depuis le Massif Central via le Rhône et jusqu’à la Camargue et aux rivières de l’Est de la région par la partie italienne de la vallée de la Roya. Quant à l’Occitanie, c’est un carrefour entre plusieurs populations : certaines venues de la Camargue, d’autres du Massif Central et des Pyrénées.
La loutre peut-elle s’installer partout ?
S.L. : Il lui faut des milieux humides mais oui, cela semble être le cas. Elle a montré une capacité à s’installer dans des habitats variés. Elle s’adapte et explore. Nous l’avons vue dans des eaux qui n’étaient pas de très bonne qualité et dans des lits de ruisseaux à sec où il y avait peu de poissons. De quoi espérer une installation durable de l’espèce sur le territoire, même s’il y a peu de chance qu’elle s’établisse de manière pérenne dans des milieux dégradés.
Qu’en est-il ailleurs en Europe ?
S.L. : La dynamique a été la même : un déclin quasi généralisé au XXe siècle et une recolonisation. Aujourd’hui, il y a une population à l’Ouest de l’Europe (France et Espagne), une autre plutôt à l’Est (de la Finlande à la Grèce) et une au Sud de l’Italie – et une dernière au Royaume-Uni. Au milieu une large bande de l’Allemagne au Nord de l’Italie est vide de loutres. Tout l’enjeu est maintenant de connecter les populations continentales. Cela semble bien parti.