Les adolescents trouvent toujours des moyens de contourner les règles des parents. L’accès au smartphone n’y échappe pas.

Les adolescents trouvent toujours des moyens de contourner les règles des parents. L’accès au smartphone n’y échappe pas.

ÉCRANS – « Le smartphone, c’est un combat quotidien et c’est dommage, on est obligés d’être un peu en conflit tout le temps avec eux. »Mère d’une adolescente de bientôt 15 ans, Camille* se dit en « vigilance permanente ». Tous les jours, elle contrôle le temps que sa fille passe sur son portable.

Il est en effet possible pour les parents de paramétrer le téléphone de leurs enfants de façon à ce qu’ils ne puisse pas dépasser une durée déterminée sur telle ou telle application. Une fois ce temps dépassé, un code est demandé pour y ré-accéder. Mais, comme beaucoup d’ados, la fille de Camille est déjà parvenue à récupérer le fameux code.

« Elle a réussi une fois en faisant comme si le mot de passe avait été oublié et elle avait supprimé toutes les limites de temps d’écran, raconte cette mère de 47 ans. Je l’ai vu très vite le lendemain, parce qu’elle dormait debout à midi. J’ai deviné pourquoi : elle avait passé la nuit sur son portable. » Depuis, elle change de code très régulièrement et a configuré le smartphone de sa fille pour qu’elle ne puisse pas passer plus de deux heures par jour sur WhatsApp et Snapchat, les seules applications auxquelles elle a droit. L’appareil s’éteint automatiquement de 23 heures au petit matin.

Des « stratégies de contournement »

Des restrictions qui ne sont pas toujours simples à mettre en place pour les parents, souvent moins au fait des technologies que leur progéniture. En témoignent les réseaux sociaux, sur lesquels ils sont des centaines à s’arrachent chez les cheveux pour deviner par quel miracle leur adolescent a bien pu réussir à outrepasser le contrôle parental.

Sur le forum de discussion Reddit, une mère appelle ainsi à l’aide : « Comment fait mon adolescent pour contourner le contrôle parental de cette manière ? Il peut utiliser son téléphone jour et nuit, malgré les limites imposées. », décrit-elle, désemparée, avant de demander des conseils techniques pour bloquer cet accès.

Simon, 45 ans, a mis deux ans à se rendre compte que son fils aîné de 15 ans avait « plein de stratégies de contournement ». Doté d’un smartphone depuis la 6e, ce dernier était également limité sur son temps d’écran par un code, et n’a pas manqué de ressources pour tenter de le trouver. « Ils sont très malins. Ils testent toutes les dates de naissance, tous les codes, dans tous les sens, témoigne-t-il. Un jour, mon fils m’a appelé quand il était avec sa mère et m’a demandé de donner le code à celle-ci, pour qu’elle puisse prolonger un peu. Et en fait, il l’avait mise sur haut-parleur [pour entendre discrètement le code secret, ndlr]. Si tu ne le vérifies pas tous le temps, c’est foutu. »

« Il s’est acheté un autre téléphone à 30 € »

Sur Internet, les ados eux-mêmes n’hésitent pas à échanger des « trucs » pour berner parents et plateformes, comme dans la vidéo ci-dessous, où un jeune montre en filmant son écran comment modifier son âge sur TikTok, en principe interdit aux moins de 13 ans et restreint pour certaines fonctionnalités pour les mineurs.

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Parfois, l’inventivité des ados surprend mêmes les parents. Le fils de Simon, afin de se simplifier la vie, s’est tout simplement acheté un autre smartphone. « Un jour, j’ai regardé son temps d’écran et un deuxième compte apparaissait, avec un iPhone 7. Il s’était acheté un vieux téléphone à 30 € sur Internet et il avait mis sa Sim dedans. Mais s’il n’avait utilisé que le wifi, je ne m’en serais pas rendu compte », explique-t-il.

Autant de techniques adolescentes qui interrogent. Alors qu’un rapport parlementaire préconise l’interdiction totale des réseaux sociaux avant quinze ans et la mise en place d’un couvre-feu numérique pour les quinze-dix-huit ans, est-il possible pour des adultes, avec ou sans renfort légal, de réussir à restreindre les adolescents sur des technologies avec lesquelles ceux-ci sont nés ? C’est en tout cas une question de santé publique.

* Le prénom a été modifié