Celui que ses amis surnommaient « Boul » est décédé jeudi soir à l’âge de 67 ans des suites d’une longue maladie. Bouelem Amedjout était né en 1958 et a grandi à Six-Fours, où il a fait toute sa scolarité, avant d’enchaîner sur une formation de dessinateur industriel. Après avoir été un temps déménageur, au sein de la société Sauvat, il a été embauché en 1980 à la mairie de La Seyne, où il restera durant quarante ans.

« Boul a d’abord travaillé au musée de la mer qui était installé avenue Garibaldi, où il s’occupait des aquariums, raconte Pascal Scaténa, photographe de la Ville et ami de longue date. Par la suite, il a rejoint le service de l’état-civil, puis celui de la culture ».

En parallèle, celui qui était passionné de musique, de photo et de théâtre, est à cette époque aux côtés de Gérard Rinaldi (Tonton Dgé) et Henry Bergia alias Henry Bi, avec qui il fonde l’association Lézard, vouée à organiser des événements culturels, antichambre de la 7e Vague et du café-théâtre éponyme, rue Berny, dédié à la promotion du spectacle vivant et de la contre-culture.

« Il adorait faire découvrir des artistes »

Dans les années 1980, Boualem Amedjout fait également partie de l’aventure des radios libres. « Il animait alors une émission sur les ondes de Radio La Seyne, petite station installée à La Dominante. Il adorait faire découvrir des artistes que personne ne connaissait », se souvient Pascal Scaténa. Une passion avec laquelle il renouera quelques années plus tard en programmant des concerts rock à la salle Apollinaire.

Affecté durant plusieurs années au centre culturel Tisot, à Berthe, Boualem va ensuite prendre du galon en étant nommé responsable de la direction artistique puis responsable de la programmation de spectacles vivants.

Il organise notamment, en collaboration avec le Conservatoire de musique, la programmation des « Dimanches matins poétiques », permettant à de jeunes artistes de se produire rue Taylor, au centre-ville.

L’initiateur des Vendredis de Bourradet

Surtout, de 2013 à 2019, Boualem initie et assure la programmation d’un rendez-vous dont le succès n’aura cessé de croître au fil des éditions: les Vendredis de Bourradet. Sur cette place du centre ancien, aménagée en salle de spectacle de plein air, des dizaines d’artistes reconnus ou émergents ont ainsi été accueillies durant la saison estivale, chaque vendredi soir, lors de concerts gratuits.

« Boualem était très investi; il parcourait tout le quart Sud-Est pour aller voir des groupes de musique et les ramener à Bourradet, se souvient Eric Marro, adjoint au maire délégué à la culture de 2014 à 2020. Les Tréteaux de Bourradet correspondaient bien à son image: festive, qualitative et populaire en même temps. » Mais l’aventure s’est arrêtée brutalement avec le changement de municipalité, quelques mois avant que Boualem ne prenne sa retraite.

« Il y croyait tellement qu’on était obligé de le suivre! »

Reconnu par beaucoup comme « quelqu’un de très accessible » et de « très ouvert aux autres », Boualem Amedjout n’en avait pas moins un fort caractère. « Je l’ai connu quand il a commencé à travailler à Tisot alors que j’étais enseignant au collège Wallon, raconte Marc Vuillemot, ex-maire de La Seyne. Au service culture, il pouvait être insistant mais croyait tellement à ce qu’il faisait qu’on était obligé de le suivre! Il laissait peu de place à la discussion, mais il avait une lecture pertinente du besoin. Et quand il a initié les Tréteaux de Bourradet, le résultat a vite été à la hauteur de ce qui aurait pu être envisagé. »

« J’ai toujours été marqué par son caractère et son charisme, reprend Pascal Scaténa. C’était un mec intègre, droit, sans compromis, et toujours en lutte pour faire passer ses idées en matière de culture au sens large. Son départ est une grande perte pour la culture et pour ses proches bien sûr. »

Des qualités louées également par Hicham Mrabit, ancien propriétaire du Café des arts, rue Cyrus-Hugues: « C’est ici qu’il a fait émerger l’idée des Tréteaux de Bourradet. Je l’appréciais beaucoup, c’était un homme avec plein de belles valeurs, toujours juste et très professionnel. Il avait une véritable connaissance de la musique, du théâtre et de la culture en général, dans laquelle il baignait. »

Si la date des obsèques de Boualem Amedjout n’était pas connue à l’heure où cet article était écrit, plusieurs de ses amis ont déjà évoqué leur souhait d’organiser « un événement musical et artistique » afin de lui rendre hommage.