Après le départ des troupes françaises du Sahel, la Russie a renforcé sa présence militaire et médiatique au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Mais son implantation reste limitée et peine à répondre aux promesses de stabilité.

  • Depuis plus de trois ans, les troupes françaises ne sont plus les bienvenues au Sahel, notamment au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Déployée au Mali dès 2013 pour contenir l’avancée de groupes djihadistes, l’armée française lance ensuite l’opération Barkhane afin d’étendre son action au Burkina Faso et au Niger. À partir de 2020, les coups d’État se succèdent dans ces trois pays. Les nouveaux régimes rompent les liens avec Paris, dans un climat anti-occidental, amplifié par des médias de propagande russes en pleine expansion. L’opération Barkhane prend fin en novembre 2022.
  • Dans un premier temps, la présence russe s’exerce de manière opaque, via Wagner, un groupe de mercenaires fondé par Evgueni Prigojine. Auteur d’une tentative de coup d’État contre Vladimir Poutine en juin 2023, il est mort dans un crash aérien deux mois plus tard. Depuis, le Kremlin a rattaché au ministère de la Défense un nouveau groupe militaire : l’Africa Corps. À ce jour, près de 2500 paramilitaires russes sont en mission dans ces trois pays contre 5500 soldats français au plus fort de l’opération.
  • Focalisée sur le volet sécuritaire pour maintenir les juntes militaires au pouvoir, la Russie n’arrive pas, pour l’heure, à apporter la stabilité, contrairement à ses promesses. Au Mali, ses troupes ont subi une vingtaine d’attaques djihadistes cet été. «L’offre de la Russie est tributaire de la conjoncture et de la fragilité de ces régimes», constate Ibrahima Dabo, docteur en science politique à l’Université Paris 2 Panthéon-Assas.
  • Moscou profite du bannissement des médias français pour renforcer sa présence dans le champ de l’information, via la chaîne de télévision Russia Today et l’agence de presse Sputnik. Le pays a également ouvert des «maisons russes» afin de promouvoir sa langue et sa culture, mais qui lui servent aussi à exercer son lobbying.
  • Les pays du Sahel, riches en matières premières, cherchent à rétablir leur souveraineté en nationalisant leurs exploitations minières. «Le Mali a même refusé les investissements russes dans les mines d’or», indique Nina Wilén, directrice du programme Afrique de l’institut belge Egmont. La Russie doit aussi composer avec la concurrence d’acteurs encore plus puissants, au premier rang desquels la Chine. Son influence dans la région est donc à nuancer.