Par
Thomas Martin
Publié le
13 sept. 2025 à 11h17
Au lendemain du 10 septembre, des militants du mouvement « Bloquons tout » rivalisent d’idées à Paris pour « déborder les syndicats » à quelques jours de la grève du 18 septembre. Ce jeudi, à 19 heures, ils sont une bonne centaine à prendre place dans un grand cercle place des Fêtes, à l’ombre des tours bien connues de ce quartier populaire très marqué à gauche du nord-est parisien. Avant de prendre la parole, ils ont pris soin de refuser la présence des caméras.
« Pourquoi on ne bloque pas le périph’ à 17h quand il y a beaucoup de voitures ? »
Parmi l’assistance, pas mal de jeunes. Une femme en gilet jaune se distingue. Chacun est invité à faire ses propositions. On se présente parfois en précisant sa profession, mais jamais son nom. « On va à 20h dans les bars et on dit ‘vous, les gens à frange, à mulet, avec des keffiehs, venez avec nous’ », propose un jeune homme, conscient qu’il faut davantage mobiliser. « Il n’y a pas que des blocages de routes. Tracter devant des supermarchés, des entreprises, c’est bien aussi », suggère une jeune femme qui invite les militants à trouver « un outil pour communiquer ».
« On pourrait utiliser des téléphones avec des cartes SIM clean (vierges) pour ne pas prendre les nôtres », suggère un participant. « On ne doit pas laisser agir que les gens qui ont l’habitude », lance une femme. « Il faut créer des ‘safe zones’ dans des bases arrières », rebondit un jeune homme, casquette jaune sur la tête.
Comment faire le lien avec les grévistes du 18 septembre revient aussi dans les discussions. « L’appel de l’intersyndicale peut mobiliser beaucoup de travailleurs », rappelle une femme. « Notre but, c’est de déborder les syndicats ».
« Pourquoi on ne bloque pas le périph’ à 17h quand il y a beaucoup de voitures ? », interroge une jeune femme. « C’est plus facile qu’à 6h, quand on se fait tout de suite repérer par les flics ».
« Ce sera la première fois que des bourgeois se font gazer »
« On pourrait former plein de petits groupes d’une vingtaine de personnes très mobiles dans Paris et qui dégradent tout », lance une participante. « Ils pourront pas suivre », assure un jeune homme, en faisant allusion aux forces de l’ordre.
« Aller dans le 16ème, à Neuilly… Ce sera la première fois que des bourgeois se font gazer », suggère une participante. Applaudissements et rires nourris dans l’assistance.
« Le 10 septembre, on a organisé une mission escargot à vélo », raconte un jeune homme, qui se réjouit de +ce petit vent d’anarchie qui se lève+. On a roulé à deux à l’heure sur les boulevards des maréchaux. On a même bloqué la Brav M (la brigade de policiers motorisé) pendant 15/20 minutes ». Nouveaux applaudissements et mains qui s’agitent en l’air pour acquiescer.
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Un jeune homme interrompt le flot de propositions. « Ça serait bien de faire tourner une cagnotte pour soutenir les frais d’avocats pour les camarades gardés à vue dans les commissariats ».
Nouvelle proposition : « Actionner les sonnettes d’alarme du métro. Quelqu’un de suffisamment ‘déter’ (déterminé) pour tout bloquer. Mais attention, faut y aller masqué, y’a des caméras partout ». « On pourrait aussi balancer des fausses infos d’actions sur les boucles Telegram », s’amuse un participant.
Une retraitée de la santé hospitalière prend la parole. « Je suis une vieille et je vais peut-être radoter. Mais la société qu’ils veulent nous coller, c’est une société à l’américaine ». Salve d’applaudissements.
21 heures. La nuit est tombée. Les bancs se clairsèment doucement. « Qui veut se réunir maintenant en commissions pour s’organiser ? », lance un participant.
De petits groupes se mettent en place. « Attention, avertit un jeune homme. On sait qu’il y a des keufs (policiers) parmi nous… »
Avec AFP
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