100 000 personnes. Soit davantage qu’il ne peut y en avoir au Stade de France. C’est le nombre de visiteurs que s’apprête à accueillir le Space, le salon international de l’élevage, à Rennes.
D’un bout à l’autre du pays, foires, salons, sommets ou traditionnels comices déplacent les foules. Champion toutes catégories de cette hétérogène galaxie de l’événementiel agricole, le Salon international de l’agriculture a accueilli 607 000 visiteurs en début d’année à Paris, se rapprochant des fréquentations d’avant-Covid.
Découvrez le programme des Assises de l’agriculture et de l’alimentation
La pandémie a beaucoup questionné la pertinence de ces événements. Si on pouvait communiquer à distance, à quoi bon des retrouvailles ? « Avec le Covid, on se disait que c’était la fin des salons mais ça n’a pas duré. On a besoin de s’y rendre pour monter sur un tracteur, voir les vaches, se retrouver » témoigne Benoît Delaloy, commissaire général du Sommet de l’élevage, à Clermont-Ferrand. La vocation de ces rendez-vous aurait même été renforcée ces dernières années, marquées par la crise agricole. « Nous sommes là pour rassembler une communauté » note Anne-Marie Quéméner, commissaire générale du Space.
« L’affluence le montre : le réseau social le plus important, c’est l’humain » abonde Bertrand Le Coq, de l’agence de communication Appaloosa, basée à Morlaix.
« Poster une vidéo, c’est bien, mais vous ne pouvez pas interagir. Les salons permettent la rencontre » observe Alexis Roptin, vice-président des Jeunes agriculteurs en charge de la communication. Ce syndicat a beaucoup investi, ces dernières années, dans les Terres de Jim, nouveau nom donné à la finale nationale de labour. Le rendez-vous attend 100 000 spectateurs, ce week-end du 13 et 14 septembre, près de Rouen.
Retour sur investissement
Un bel argument pour séduire des exposants. Au-delà de la simple billetterie d’ailleurs, l’équilibre économique de ces rendez-vous repose bien sur la présence des professionnels. Au Space, ils représentent 98 % des recettes. Mais l’Union française des métiers de l’événement précise que pour un euro investi dans une foire ou salon, dix euros de chiffre d’affaires sont réalisés en retour. « Rien ne remplace un salon et seule la France en a autant », ajoute Anne-Marie Quéméner, par ailleurs présidente d’Eurasco, l’association des salons agricoles européens.
En février 2024, le Président Emmanuel Macron était venu en visite au Salon de l’agriculture de Paris dans un contexte très tendu. MATHIEU PATTIER / OUEST FRANCE
De quoi mettre tous ces rendez-vous en compétition ? « C’est vrai qu’on est un peu concurrents, car on s’insère dans le même budget communication des entreprises, qui peuvent être amenées à faire des arbitrages » admet Benoît Delaloy, du Sommet de l’élevage.
De nombreux numéro 1
Alors les salons avancent leur « complémentarité »… tout en revendiquant chacun une place de numéro 1 (de l’élevage durable à Clermont-Ferrand, multi filières d’élevage à Rennes, « plus grande ferme de France » à Paris, « plus grande fête agricole en plein air d’Europe » pour les JA…). D’autres mettent en avant leur rayonnement au-delà des frontières, comme le Sival à Angers, le Salon international des techniques de productions végétales. Ou leur volonté de faire émerger des solutions et de susciter le débat d’idées, telles les Assises nationales de l’agriculture et de l’alimentation, organisées par Ouest-France le 25 novembre.
Des événements, enfin, se spécialisent. « On a une agriculture de plus en plus pointue, observe Bertrand Le Coq. Cela amène l’émergence de nouveaux salons : Tech & bio (Drôme), Capr’Inov (Deux-Sèvres)… »
Preuve de la vitalité et de la popularité de cet agenda, l’engouement des leaders politiques ou syndicaux qui viennent échanger, prendre des selfies, faire des annonces. Au-delà du business et de l’ambiance, les salons sont aussi cette caisse de résonance.