Les travaux de rénovation de la place des Halles ont mis au jour des vestiges du XIXe siècle, des fondations de l’ancienne gare ferroviaire de Strasbourg et surtout de l’ancienne usine de gaz urbain.

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Pierre France

Publié le 13 septembre 2025  ·  

Imprimé le 13 septembre 2025 à 16h20  ·  

3 minutes

Les travaux de la place des Halles de Strasbourg ont entamé leur phase finale : après avoir déplacé le trafic des voitures et des cars interurbains, les ouvriers s’emploient désormais à agrandir le parc. Pour ça, ils vont devoir creuser profondément, afin de créer des réservoirs de stockage de l’eau de pluie et des puits de terre qui permettront aux arbres de se développer.

Une usine construite en 1838

Ces aménagements imposent de creuser jusqu’à près de deux mètres sous le niveau du sol, ce qui va détruire des constructions anciennes. « À cet emplacement se situait l’usine de gaz de Strasbourg », indique Florent Minot d’Archéologie Alsace :

« Elle a été construite en 1838. Il y avait notamment des chaudières pour transformer le charbon en coke autour de 1 100 degrés et un réservoir de gaz. L’usine a été détruite lors des bombardements de Strasbourg par les Allemands en 1870 puis reconstruite. Elle a cessé de fonctionner en 1932, pour être remplacée par des bâtiments administratifs de Gaz de Strasbourg. »

L’ancienne usine de gaz a occupé l’ensemble d’un quartier populairePhoto : Pierre France / Rue89 Strasbourg / cc

Des bases de chaudières ont été mises au jour.Photo : Pierre France / Rue89 Strasbourg / cc

Des constructions datent du début du XXe sièclePhoto : Pierre France / Rue89 Strasbourg / cc

Des constructions supplantent celles de l’ancienne gare. Photo : Pierre France / Rue89 Strasbourg / cc

Les vestiges laissent apparaître des fondations de plusieurs époques. Un mur en grès des Vosges date du XIXe siècle tandis que d’autres éléments en briques sont postérieurs. On distingue aussi la base d’un gazomètre, un réservoir d’un diamètre de 40 mètres dont la capacité pouvait s’étendre et se restreindre à l’aide de composants guidés sur des rails verticaux, afin de maintenir la compression du gaz. Il y a également les fondations d’une ou deux cheminées.

Une vue de l’ancienne usine de gaz de Strasbourg en 1930.Photo : Auteur inconnu / ArchiWiki / cc

Des terres très polluées

Les archéologues doivent faire attention, car les terres mises au jour recèlent des restes d’hydrocarbures et d’autres pollutions indéterminées. La pluie leur permet de travailler sans masque en clouant au sol les poussières, mais ils devront peut-être se protéger si les émanations perdurent.

Florent Minot, archéologie en charge des recherches pour Archéologie Alsace. Photo : Pierre France / Rue89 Strasbourg / cc

« On distingue également des restes de l’ancienne gare ferroviaire », note Florent Minot :

« Sous les bâtiments de l’usine, on distingue ce qui pourrait être une remise à locomotives. Il s’agit d’une structure qui permettait d’intervenir sous les locomotives pour leur entretien. Les rails étaient posés sur les murs, qui se repèrent par leur caractère parallèle. Certaines remises étaient dotées de cuves de vidange, mais ça ne semble pas être le cas ici. »

Des recherches jusque fin septembre

L’ancienne gare de Strasbourg a également été bombardée en 1870. C’est son bâtiment des voyageurs qui a été reconverti en halles jusqu’en 1973, date de construction des bâtiments de la place des Halles qui existent encore aujourd’hui.

Ces fouilles préventives étaient programmées dans le planning des travaux de la rénovation de la place des Halles. Les quatre archéologues alloués à cette mission de préservation ont jusqu’à fin septembre pour photographier et documenter l’ensemble du site. « Ça devrait suffire », note Florent Minot :

« Le site s’est urbanisé sur le tard. C’était un quartier populaire avec des jardins. Des plans de l’époque moderne ne documentent que des champs par ici, d’où le nom de Marais-Vert. On n’est pas à l’abri de tomber sur une ferme mais il ne devrait pas y avoir de vestiges plus anciens à la profondeur du chantier. »