Parler avec un artiste qu’on admire a de quoi intimider. Pourtant, il ne faut pas hésiter. « C’est bien quand il y a un peu de paroles, acquiesce Nine Antico. On a le temps. Les gens n’en profitent pas assez. Je ne fais pas du Michel-Ange sur la première page de mes bouquins. Je préfère la simplicité. Je fais des dessins assez succincts pour privilégier l’échange. J’aime beaucoup quand ce sont des gens auxquels je ne m’attends pas, décalés en âge. Je suis toujours fascinée de me dire que ce que je fais peut intéresser hommes, femmes, vieux, jeunes ».

Devant elle, sur les présentoirs, se trouvent ses ouvrages publiés par la maison d’édition L’Association, dont « Coney Island Baby » et le dernier, « Une obsession », que Sylvain allait acheter pour sa femme, qui a dévoré les précédents, en espérant qu’elle soit sortie du travail avant la fermeture des portes pour le lui faire dédicacer elle-même. Voir des personnages familiers prendre forme sous ses yeux, rien que pour soi, est peut-être le vrai moment de partage, qui se passe de mots. Ces autrices et auteurs mettent une telle application dans ces dessins à usage de cadeau, pour soi-même ou pour les autres.

Écologie

« De la part d’Hubert », a fait écrire un monsieur portant ce prénom au voisin de stand de Nine Antico, David B. Il ne sait pas encore à qui offrir chacun des exemplaires, mais est certain de son effet. « Au niveau de l’illustration, David B. me parle énormément, l’approuve Sylvain, qui a pris place à son tour dans cette file d’attente. Ses histoires sont différentes de ce qu’on a l’habitude de lire. L’émotion qui se dégage de son dessin est assez atypique ». La conversation s’engage par un compliment. « ‘‘L’Ascension du Haut Mal’’ est son chef-d’œuvre, glisse Caroline. J’ai lu le premier tome quand j’avais une petite vingtaine d’années. J’en ai 43. David B. est ancré dans mes lectures ». On imagine l’instant émouvant.

Dans l’allée suivante, il y a une autre table à ne pas manquer. Des dessins sont vendus au profit d’organismes défenseurs de l’écologie. Les dessinatrices et dessinateurs du salon viennent parfois « à l’improviste » les réaliser en direct.

Le salon du livre du festival Gribouillis, qui fait aussi la part belle aux livres et BD pour la jeunesse, se tient jusqu’à ce dimanche au Garage Moderne, 176 rue Achard (10 h – 19 h).