La montagne, temple de l’esprit de cordée, de la solidarité et de l’entraide ? Il semblerait hélas que cela ne soit pas le cas pour certains alpinistes mal intentionnés, qui se muent volontiers en voleurs lorsqu’ils en ont l’occasion.

Sur la voie royale menant au sommet du mont Blanc, depuis Saint-Gervais (Haute-Savoie), de malheureux ascensionnistes l’ont découvert à leurs dépens. Alors qu’ils faisaient étape au refuge du Goûter (3 835 m) permettant de se reposer une nuit avant de poursuivre jusqu’au sommet, ils ont découvert, au moment de s’équiper, que leurs chaussures avaient disparu, le 7 septembre. Du matériel de sécurité manquait aussi dans les casiers où chacun range ses affaires. Ceux-ci ne sont pas fermés à clé : on compte sur l’honnêteté des autres alpinistes lorsqu’on y laisse ses effets personnels.

« C’est vraiment moche »

« Les voleurs sont partout, même en haute montagne ! C’est vraiment moche », soupire Jean-Louis, un alpiniste qui tentait le mont Blanc ce même week-end.

Aussitôt prévenus, les agents de la Brigade blanche de Saint-Gervais, postée en bas de la voie pour contrôler les alpinistes, s’attellent à retrouver les coupables. Ils interceptent deux Ukrainiens et un Allemand et découvrent que les trois voleurs présumés avaient aussi forcé l’entrée du chalet de la brigade pour s’y ravitailler en eau et en nourriture, alors qu’ils avaient été refoulés du refuge faute de place.

« On met en danger la vie des alpinistes »

Le peloton de gendarmerie de haute montagne de Chamonix a pu embarquer en hélicoptère les contrevenants pour les interroger en vallée.

Jean-Marc Peillex, le maire de Saint-Gervais, est excédé : « Voler du matériel est déjà un acte inadmissible, mais en altitude cela devient encore plus grave car on met en danger la vie des alpinistes. Le cas le plus extrême, c’est le vol de chaussures : en chaussettes sur de la glace vive et de la neige, il est impossible d’aller bien loin sans glisser et mourir. Nous avons déposé plainte et j’espère que le tribunal condamnera ces pseudos alpinistes. »

Selon Laurent Roche, un guide de haute montagne, ces vols sont plus courants qu’on ne le pense au mont Blanc. « Ce n’est pas pour rien qu’en tant que guide, on met notre matos dans des casiers fermés aux refuges. »