CARINE SCHMITT / Hans Lucas via AFP
Le siège de Radio France à Paris, le 23 août 2025.
MÉDIAS – L’affaire de la diffusion des vidéos montrant les journalistes du service public Thomas Legrand et Patrick Cohen avec des dirigeants du Parti socialiste commence tout doucement à se tasser. Ce qui n’empêche pas les prises de parole sur le sujet, comme celle de Vincent Meslet, directeur éditorial de Radio France.
Longuement interviewé par Le Parisien ce samedi 13 septembre, celui-ci s’est surtout attaqué, à travers cette histoire qui a secoué la radio publique, à deux concurrents, Europe 1 et CNews.
Les deux médias « n’ont pas manqué de créer immédiatement et de toutes pièces un récit autour de cette affaire pour mieux nous attaquer », fustige ainsi Vincent Meslet, qui dénonce un temps d’antenne vertigineux consacré à l’affaire sur CNews : « parfois (…) 70 à 80 % (..) de certaines tranches le week-end dernier ! »
Le directeur éditorial de Radio France assure qu’il ne restera pas les bras croisés. « Nous ne laisserons pas un concurrent nous déstabiliser », prévient-il, avant de charger lourdement le groupe Bolloré, qui détient Europe 1 et CNews : celui-ci « est précisément la négation du pluralisme qu’il nous reproche de ne pas assez défendre. Il est aussi la négation du métier de journaliste puisqu’il considère que faire du journalisme, c’est faire de la politique. »
« Nous ne sommes pas en guerre »
Selon Vincent Meslet, Radio France et Europe 1/CNews ne font « pas le même métier ». « Ce sont des médias d’opinion, je dirais même des médias militants, d’obsessions », ajoute-t-il. Ils n’ont pas « le même souci du débat contradictoire, d’une rigueur qui se fonde sur les faits et la confrontation à la réalité », complète le responsable.
« Nous ne sommes pas en guerre », tempère toutefois Vincent Meslet auprès du Parisien, mais « nous ne devons cependant pas nous priver de dénoncer leurs méthodes, pas seulement pour nous mais pour toute la profession ».
Les vidéos de cette affaire qui a fait grand bruit avaient été diffusées le 5 septembre par le média conservateur L’Incorrect.
Dans une séquence filmée en juillet dans un restaurant parisien, on voit Thomas Legrand, chroniqueur à Libération et France Inter, et Patrick Cohen, chroniqueur qui intervient également sur France Inter et dans C à vous (France 5), échanger avec Pierre Jouvet, secrétaire général du PS, et Luc Broussy, président du conseil national du PS.
Au cours de cette discussion, où est aussi évoquée la stratégie de la gauche en vue de la présidentielle de 2027, Thomas Legrand déclare notamment « nous, on fait ce qu’il faut pour (Rachida) Dati, Patrick (Cohen) et moi », ce qui a pu être interprété comme un parti pris à l’encontre de la ministre sortante de la Culture et a provoqué une salve de critiques envers les deux journalistes, aussi bien du côté des Républicains que du Rassemblement national et de La France insoumise.