Sur les six médaillés des Jeux de Paris, seule l’Ethiopienne Tigist Assefa est présente au Japon. La médaillée d’or Sifan Hassan a préféré s’aligner à Sydney le 31 août, quand le vice-champion olympique Bashir Abdi va privilégier le marathon de Chicago, mi-octobre.
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France Télévisions – Rédaction Sport
Publié le 13/09/2025 20:26
Temps de lecture : 4min
Le groupe tête du marathon olympique féminin, à Paris, le 11 août 2024. (ULRIK PEDERSEN/CAL SPORT MEDIA/SIPA USA)
Sifan Hassan, Bashir Abdi, Jacob Kiplimo, Joshua Cheptegei… La liste des cadors du marathon qui font l’impasse sur les Mondiaux d’athlétisme de Tokyo est longue. La situation n’est pas nouvelle. Dans une discipline où les athlètes se présentent rarement plus de trois fois par an sur la ligne de départ, il leur est crucial de choisir. Et la concurrence dans les options est rude.
À Tokyo, dimanche pour les femmes et lundi pour les hommes (départ à 1h heure française pour les deux), les athlètes portent le maillot de leur pays, une fierté souvent avancée comme argument pour s’aligner en grand championnat. Mais dans un pays où le mois de septembre est synonyme de chaleur et surtout d’écrasante humidité (autour de 80%), les conditions sont loin d’être réunies pour courir derrière une performance. Or, l’athlétisme, et encore plus le marathon depuis la révolution des chaussures à plaque carbone, a basculé dans la course aux records.
« Il y en a certains qui n’ont pas envie de courir pendant presque trois heures », comprend Manon Trapp, unique représentante tricolore (hommes et femmes confondus) engagée sur le marathon des Mondiaux. « Je n’ai même pas fait attention à mes concurrentes. Je ne vais pas perdre d’énergie à ça. Cela va vraiment être un combat contre soi-même et une course d’intelligence et de stratégie. »
La période automnale, entre septembre et début décembre, est aussi celle des grands marathons, notamment d’une partie des « Majors » (sélection de sept marathons dans le monde). Ils attirent les athlètes grâce à leur prestige (comme celui de New York, programmé le 2 novembre), la présence de lièvres expérimentés et surtout de parcours roulants.
Réputé pour son tracé ultra-plat, le marathon de Berlin se tient par exemple le 21 septembre. En ce dernier jour des Mondiaux de Tokyo, les organisateurs allemands ont réussi l’exploit d’attirer les deux détenteurs du record du Japon sur la distance, Kengo Suzuki et Hanomi Maeda : du jamais vu pour un marathon en dehors du pays du Soleil levant. Le record du Japon pourrait tomber, ce qui aurait été inenvisageable à Tokyo…
Le marathon de Sydney, qui vient d’entrer dans le club fermé des Majors, a lui enregistré la présence de Sifan Hassan, titrée aux Jeux de Paris, le 31 août. La Néerlandaise est aussi annoncée à New York début novembre. « C’était une décision difficile pour moi parce que je n’ai jamais manqué aucun championnat du monde, mais je veux vraiment participer au marathon de Sydney, car c’est le premier grand marathon (en Australie). Qui ne voudrait pas participer à un premier grand marathon ? », s’était justifiée la marathonienne en conférence de presse avant de remporter l’épreuve.
La championne olympique en titre Sifan Hassan, victorieuse sur le marathon de Sydney (Australie), le 31 août 2025. (BIANCA DE MARCHI/AP/SIPA)
Dans un sport aux rares apparitions, l’argument financier est également majeur. Si désormais World Athletics offre des primes aux huit premiers de chaque épreuve lors des Mondiaux – 70 000 dollars pour le vainqueur, moitié moins pour le deuxième, 16 000 dollars pour le 3e, quand le 8e empoche… 500 dollars –, les sommes sont encore loin de celles promises sur les Majors. Le vice-champion olympique de Paris 2024, le Belge Bashir Abdi, a ainsi annoncé ne pas se présenter à Tokyo car « pas au top de sa forme ». Mais il sera au départ le 12 octobre à Chicago, tout comme l’Ougandais Jacob Kiplimo, forfait à Tokyo « pour raisons personnelles ».
En 2024, le marathon de Chicago offrait 100 000 dollars au vainqueur, 75 000 au deuxième, 50 000 au troisième, 30 000 au quatrième et encore 25 000 au cinquième. Sur les marathons hors championnat, ces primes de résultats s’ajoutent à des émoluments reçus par les athlètes pour leur simple présence sur la ligne de départ. Aux Mondiaux de Tokyo, avec des cadors absents et des conditions difficiles, les cartes risquent d’être rebattues et le suspense encore plus grand. Pas forcément une mauvaise chose pour les spectateurs.