Publié le
13 sept. 2025 à 19h30
L’histoire de ces photos
« Ce chevreuil est né cette année dans le secteur sur lequel j’ai l’habitude de photographier la faune de notre belle région », précise Marc Bérat. « Durant près de trois mois, je l’ai suivi dans ses déplacements. Son secteur était très vaste et la mère et ses deux faons parcouraient parfois de grandes distances. Il m’est arrivé de les observer sur des spots distants de deux kilomètres. Le groupe de ces trois chevreuils est très mobile, se déplace et évolue quasi exclusivement en plaine, à proximité de champs de maïs. »
Après une attente jusqu’à ce mois de septembre que Marc Bérat a « pu obtenir les images que je souhaitais avoir », poursuit le photographe. En effet, « leurs heures de sorties étaient très aléatoires et les rendez-vous très incertains d’une journée à l’autre. » Marc Bérat a donc finalement réussi une extraordinaire série de photos avec ce faon blanc que l’on voit évoluer avec son frère et sa mère sous un éclairage automnal. « Ce soir-là était fantastique et j’ai pu profiter d’une superbe proximité avec les animaux. Dans la nature, tout est possible, patience et longueur de temps finissent toujours par payer. »
Chevreuil albinos ou leucique ?
Ce faon blanc n’est pas un albinos, mais un faon leucique, comme l’explique Marc Bérat. « C’est un animal dit leucique, car ses pupilles ainsi que le bout de son museau et ses sabots sont noirs, contrairement à un albinos qui présente une dépigmentation totale de l’animal. Il s’agit d’une curiosité génétique qui n’est en rien une dégénérescence. Elle touche un animal sur plusieurs milliers et reste très rare. »
Pierre Zacharie, ingénieur des Services Vétérinaires et Expert référent en pathologies des grands gibiers et en hygiène de la venaison, a transmis des informations complémentaires à la fédération des chasseurs de l’Isère en 2021 : « Le leucisme, ou l’albinisme partiel, est une anomalie du même type que l’albinisme, mais limitée à certaines zones du corps. La cause est également génétique. Par contre, l’enzyme tyrosinase est bien présente, mais en déficit. Il n’y a alors qu’une migration partielle des pigments mélaniques et la peau des animaux concernés reste donc pigmentée. Les animaux sont blancs ou partiellement, mais leurs yeux, dont l’iris, onglons et becs, restent de couleur habituelle. Le leucisme peut se transmettre à la génération suivante sans que les deux adultes soient porteurs de l’anomalie. Par contre, tout comme les individus albinos, les animaux leuciques sont plus vulnérables à la prédation. »
Une malédiction pour ces animaux nés blancs
Marc Bérat rappelle que « naître blanc, pour un animal sauvage, est une malédiction et je suis bien conscient des menaces qui planent au-dessus de sa tête. » Car ils sont des proies plus faciles à identifier par leurs prédateurs, dont les humains : « Je pense que tout passionné comme moi rêve d’un tel trophée », s’exclamait un chasseur, qui venait d’en abattre un, dans Chassons.com en 2015. Pour la beauté de la faune du territoire, on pourrait espérer que celui photographié par Marc Bérat puisse vivre de longues années. On peut toujours espérer, comme semble le conclure le photographe : « Ma quête était aussi une course contre-la-montre, une course effrénée pour, à jamais, le rendre immortel. »
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