En Alsace, l’histoire des chemins de fer, qui furent l’un des moteurs de la révolution industrielle au XIXe siècle, a retenu les noms de Nicolas Koechlin (1781-1852) et de son cousin André Koechlin (1789-1875 ). Le premier, industriel du textile, a financé la construction de la première ligne de chemin de fer d’Alsace, inaugurée en septembre 1839 entre Thann et Mulhouse (20 km). Le second a fondé en 1826 à Mulhouse une usine de constructions mécaniques, ancêtre de la SACM et d’Alstom, d’où sont sorties des locomotives à vapeur.

On peut y ajouter un troisième nom, l’ingénieur polytechnicien Paul-Camille Denis (1795-1872). Ce dernier n’est pas Alsacien car né en 1895 à Montier-en-Der (Haute-Marne), mais il a choisi de se faire inhumer au cimetière Sainte-Hélène de Schiltigheim où il repose depuis 1872.

Artisan de la circulation à droite

Ce pionnier du rail est méconnu dans l’Hexagone car il a fait l’essentiel de sa carrière outre-Rhin où des écoles et des rues portent toujours son nom. Selon l’expert ferroviaire strasbourgeois Joël Forthoffer , on lui doit la paternité de la norme de circulation des trains “allemande” (à droite).

Mais surtout, il a dirigé la construction de près d’un millier de kilomètres de voies ferrées pour le compte des nouvelles compagnies qui se sont développées à l’époque dans les États allemands. Parmi celles-ci figurent la ligne Nuremberg-Fürth, la première d’Allemagne, inaugurée en 1835 et appelée “Ludwigseisenbahn”, ainsi que les lignes Spire-Lauterbourg et Neustadt-Wissembourg.

Un voyage aux États-Unis comme événement fondateur

Auparavant, celui qui a grandi à Mayence, où son père avait été nommé inspecteur des forêts du département du Mont-Tonnerre, a exercé dans la construction de routes dans le Palatinat. Sa vocation ferroviaire s’est exprimée au retour d’un voyage aux États-Unis d’Amérique au début des années 1830. Là-bas, il a notamment pu observer des voies ferrées en exploitation, toutes avec circulation à droite.

Une fois retraité et anobli par le roi de Bavière, ce veuf sans enfant s’est retiré dans une villa à Bad Dürckheim près de Ludwigshafen. L’hiver, Paul-Camille von Denis avait coutume, rapporte une biographie de la Société allemande d’histoire ferroviaire, de séjourner chez des proches à Strasbourg.