Pour la quatrième année consécutive, l’Opéra de Bordeaux diffuse dans une dizaine de places de Bordeaux le concert de rentrée qui est donné en même temps à l’Auditorium, ce vendredi 12 septembre. Et pour la quatrième année, les stars en sont l’Orchestre national Bordeaux-Aquitaine et son chef, Joseph Swensen, mais aussi les petites caisses en bois sur lesquelles les spectateurs s’assoient pour suivre l’heure et demie de musique sur écran géant.
En 2024 on estime à 2000 le nombre de personnes qui ont suivi le concert de rentrée de l’Opéra de Bordeaux sur écran géant.
Alban Gilbert / Mairie de Bordeaux
Sièges d’un soir, ces caisses comportent aussi un QR Code à flasher pour retrouver toute la programmation de l’Opéra, mais elles servent ensuite de rangements pour des livres ou de porte-bagages. « Dès le lendemain du concert, on les retrouve posées sur des vélos dans les rues de Bordeaux », sourit Frédéric Despujol, directeur général de la Caisserie bordelaise.
« Dès le lendemain du concert, on retrouve nos caisses posées sur des vélos dans les rues de Bordeaux »
La Caisserie bordelaise, c’est la société libournaise qui fabrique ces caisses, massivement emportées par le public quelques minutes après la fin du concert. Cette entreprise, qui travaille pour le groupe Bernard Magrez ou les champagnes Billecart-Salmon et Philipponnat, en livre pas moins de 1 300 pour cette rentrée musicale. En soignant la dimension collector de l’objet. On y trouve une estampe spécifique : « Concert dans la ville, Joseph Swensen direction, millésime 2025. » L’an dernier c’était « Hymne à la joie, concert dans la ville, millésime 2024 ». Et au fond de la caisse, on trouve un mode d’emploi qui propose d’en faire une corbeille pour fruits et légumes. Auparavant, il avait été question d’en faire un nichoir à oiseaux.
La caisse « millésime 2025 », avec son estampe déjà collector.
Ch. L.
Allier art, économie et écoresponsabilité : la démarche s’est développée au fur et mesure que ces thématiques s’imposaient dans le débat public. « À l’origine, nous avions été sollicités pour participer au financement de la retransmission du ballet ‘‘Don Quichotte’’ place de la Comédie, en 2014, se souvient Frédéric Despujol. Nous avons eu envie d’aller plus loin en associant notre nom à ce projet, qui présente dans l’espace public les spectacles qui se déroulent dans l’Auditorium ou le Grand-Théâtre : des bijoux architecturaux, mais dont les Girondins sont parfois réticents à pousser les portes. »
La fabrication des 1 300 caisses a représenté deux jours de travail par une dizaine de salariés de la Caisserie bordelaise.
Caisserie bordelaise
5 à 10 000 euros de mécénat
Le partenariat s’est poursuivi avec des caisses produites pour la retransmission de l’opéra-bouffe « La Vie parisienne » en 2017, celles du concert d’ouverture de saison depuis 2022, mais aussi pour la première production « zéro achat » au Grand-Théâtre en 2023 : un « Requiem » de Mozart mis en scène en utilisant des modules qui servaient alternativement de sièges, de piédestal ou de cercueils. « Ils étaient fabriqués avec des grandes planches qu’on débite normalement pour faire nos caisses. »
La valeur économique de ce mécénat ? « Entre 5 000 et 10 000 euros pour ce concert de rentrée, en additionnant la fabrication et le transport », évalue le directeur général. En contrepartie, la Caisserie bordelaise bénéficie d’invitations à des spectacles durant la saison, de visites privées du Grand-Théâtre et d’ateliers de l’Opéra pour ses salariés. « Ils s’aperçoivent que le travail du bois y répond aux mêmes exigences d’esthétique et de rigueur que dans notre entreprise. Après ces visites, certains vont voir des ballets ou des opéras alors qu’ils ne l’avaient jamais fait avant. »