Dans un pays ultra-polarisé, englué dans la violence politique, ils sont nombreux à traquer en ligne les détracteurs de l’influenceur MAGA assassiné le 11 septembre.
Pour la droite radicale américaine, Charlie Kirk est mort en «martyr» et toute critique ciblant le militant conservateur doit être punie: ces derniers jours, des dizaines de personnes ont ainsi perdu leur emploi après un simple message sur les réseaux sociaux.
C’est le cas de Laura Sosh-Lightsy, employée d’une université publique du Tennessee, dans le sud des États-Unis. Mercredi, juste après l’assassinat par balle de l’influenceur de 31 ans, fauché sur un campus universitaire, elle écrit sur Facebook: «La haine engendre la haine. ZERO sympathie.» Dans la foulée, une sénatrice républicaine, Marsha Blackburn, dénonce la publication: «Cette personne devrait avoir honte (…). Elle doit être virée de son poste». Effet immédiat: l’université annonce la limoger.
Dans un pays ultra-polarisé, englué dans la violence politique, ils sont nombreux à traquer en ligne les détracteurs de Charlie Kirk. Le porte-voix de la jeunesse trumpiste était autant adulé que honni pour ses propos pro-armes, anti-avortement, anti-migrants ou sa rhétorique virulente sur les minorités ethniques.
Un climat de délation
Certains passent au peigne fin les comptes aux commentaires acerbes: «Téléchargez leur photo de profil, comparez-la avec leur profil LinkedIn, trouvez leur lieu de travail, appelez leur employeur et laissez des avis Google», enjoint ainsi l’influenceur conservateur Joey Mannarino. Depuis mercredi, des employés d’écoles publiques, des pompiers ou encore des militaires ont fait les frais de ce climat de délation, étant brutalement renvoyés de leur travail.
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L’assassinat de Charlie Kirk a pourtant été condamné de manière unanime par la classe politique américaine, à droite comme à gauche. Mais le président Donald Trump a, quelques heures seulement après les faits, pointé du doigt l’influence de «la gauche radicale».
Son ministre de la Défense, Pete Hegseth, a ordonné à ses services d’identifier tout membre de l’armée qui se serait moqué ou réjoui de l’assassinat du héraut de l’Amérique chrétienne et traditionaliste. Un paradoxe pour ce pouvoir républicain qui ne cesse d’ériger la liberté d’expression en droit suprême.
Captures d’écran à l’appui
Le sous-secrétaire d’État américain, Christopher Landau, a lui déclaré que «les étrangers qui glorifient la violence et la haine ne sont pas les bienvenus dans notre pays. J’ai été dégoûté de voir certains sur les réseaux sociaux louer (…) ou minimiser cet événement, et j’ai demandé à nos agents de prendre les mesures appropriées». Et d’ajouter : «N’hésitez pas à me partager de tels commentaires formulés par des étrangers».
Un enseignant de l’Oklahoma, dans le sud des États-Unis, a écrit: «Charlie Kirk est mort de la même façon qu’il a vécu: en faisant ressortir le pire chez les gens». Depuis, l’enseignant fait l’objet d’une enquête menée par le ministère de l’Education de l’État qui a qualifié ses propos d’«odieux».
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La militante d’extrême droite Laura Loomer, réputée avoir l’oreille du président républicain, est devenue le fer de lance de cette offensive visant à réduire au silence les critiques de Charlie Kirk. Captures d’écran à l’appui, elle dénonce par exemple sur ses réseaux sociaux un fonctionnaire de l’agence de réponse aux catastrophes naturelles (Fema), qui a déclaré sur Instagram être «en deuil pour ce raciste, homophobe et misogyne» Charlie Kirk.
Réponse de Laura Loomer, qui partage le profil LinkedIn du détracteur: «Ces gens nous détestent. Ils n’ont rien à faire dans les rouages de l’administration.» Après ce message, l’employé a été placé en congé forcé pour ses commentaires «révoltants et inadmissibles», a fait savoir l’agence dans un communiqué.