En totalisant 116 escales en juillet et août (114 en 2024) et 525 000 passagers accueillis à Marseille, la fréquentation du port maintient le cap. D’ici décembre, comme l’an dernier, 2,5 millions de croisiéristes auront fait escale à Marseille. Une activité qui ne faiblit pas. Mais cette année, le club des croisières, englobant une centaine de professionnels du secteur, a misé sur « l’équilibre et la maîtrise ». Avec d’abord, une attention portée sur la capacité des navires programmés (4 352 passagers par bateau en moyenne contre 4 750 en 2024) et sur une meilleure répartition.

« 71% des journées ont vu seulement un ou deux navires en escale : ce qui permet de préserver la fluidité des flux et la qualité d’accueil. De même, 63% des escales ont eu lieu en semaine (contre 58% en 2024), limitant ainsi la pression sur les week-ends. Pour cela, nous sommes en lien constant avec les armateurs. Par exemple, nous avons acté le mardi pour l’arrivée des navires de la Royal Caribbean International. Tout le monde s’y retrouve : les guides, les agents… « , souligne-t-on du côté de Marseille Provence Croisières. Par ailleurs, « 80% des passagers ont utilisé des navettes à l’intérieur du port permettant de contourner l’hypercentre et de limiter l’impact sur la circulation urbaine », annonce aussi l’association.

Développer le luxe

Autre nouveauté en 2025 : la place croissante du luxe et du premium. Un navire sur deux était, cet été, positionné sur ces segments. Développer le luxe et favoriser un modèle de croisière durable en Méditerranée, tel est l’objectif fixé par le président de Marseille Provence Croisières, Jacques Hardelay, qui a succédé en juin à Jean-François Suhas. Et le planning des escales pour 2026 devrait suivre la ligne. L’Orient Express Corinthian, plus grand voilier de croisière au monde (220 mètres de long et 108 passagers) porté par Accor et conçu par les Chantiers de l’Atlantique a d’ores et déjà prévu de passer par Marseille lors de sa première saison lancée au printemps prochain.

« Nous avons enregistré 36 escales gaz naturel liquéfié (GNL) cet été, soit sept navires régulièrement présents à Marseille. Un engagement fort pour la transition énergétique d’autant que les travaux d’électrification à quai continuent d’avancer pour que tout soit prêt en 2026 », poursuivent les professionnels du secteur. Une avancée qui pourrait bien peser sur le classement des ports méditerranéens accueillant des navires de croisières. « Aujourd’hui troisième port de la Méditerranée occidentale, derrière Barcelone et Rome, Marseille pourrait effectivement se placer devant Barcelone dès 2026 », pointent-ils.

Stop Croisières souhaite une alternative pour le J4

Une ambition qui ne fait pas sauter de joie les militants de Stop Croisières. Cet été, les opposants à cette « industrie aux conséquences désastreuses pour l’environnement » ont planché sur un projet alternatif au terminal de croisière de luxe prévu au J4 en recueillant « la parole des Marseillais lors de consultations citoyennes ». Ils ont également suivi « le coup de com' » du maire (Hor.) de Nice et président de la Métropole, Christian Estrosi. Le 3 juillet dernier, celui-ci tentait, en bras de chemise dans un semi-rigide, d’empêcher les quelque 3 000 passagers du Voyager of the seas de débarquer. Dix jours plus tard, l’arrêté signé par l’élu, limitant les escales des géants des mers au nom de « l’urgence climatique », était suspendu par le tribunal administratif de Nice retenant qu’il « n’était pas compétent pour édicter de telles mesures ».

« Interdire les croisières d’un côté et développer l’aéroport de l’autre, il n’y a aucune cohérence dans cette action. Nous espérons que le sujet s’invite vraiment dans les débats des prochaines municipales à la condition que cela ne soit pas dans la caricature, insiste le collectif. Nous ne sommes pas dans le rejet mais dans la proposition. Nous ne sommes pas contre les touristes qui débarquent à Marseille mais contre ce business qui met en danger les territoires. Luxe ou pas luxe. »

En attendant, la saison se poursuit. Cette semaine, dix-neuf escales sont prévues à Marseille avec à bord 46 021 passagers.