Tremblement de terre à Radio France. Depuis la fameuse vidéo de Thomas Legrand et Patrick Cohen, surpris à comploter avec des cadres du Parti socialiste comme autour d’un apéro entre copains, la Maison ronde chancelle. Malaise maximal : l’affaire touche à ce que le service public brandit comme son ADN – l’indépendance et l’impartialité. Alors, la direction sort de sa réserve.

Vincent Meslet, directeur éditorial, a pris la parole. Et que dit-il ? Que le vrai problème n’est pas la cabale contre Rachida Dati. Ni les œillades complices en direction de Raphaël Glucksmann. Non. Le problème, ce serait… Europe 1 et CNews. Vincent Meslet assure que Thomas Legrand n’a commis aucune faute, tout en concédant qu’il a, malgré lui, offert « un cadeau à nos pires adversaires ».

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Savoureuse pirouette quand on se souvient que ce même M. Meslet reconnaissait il y a quelques années, dans Libération – le journal où collabore justement M. Legrand – avoir voté toute sa vie pour le PS, sauf une fois pour un écologiste. Et après cela, on viendrait nous expliquer que Radio France n’a pas de biais idéologique ? Tout est lunaire dans cette défense.

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Car enfin, une évidence s’impose : si Radio France crie au complot, c’est bien que le coup a porté. Quand, au lieu de répondre sur le fond, on accuse la concurrence d’avoir « fabriqué un récit », c’est qu’on préfère déplacer le problème plutôt que l’affronter.

Si Radio France crie au complot, c’est bien que le coup a porté

Le paradoxe est frappant : au moment même où Radio France enfile la robe du procureur, c’est elle qui s’assoit sur le banc des accusés. Accusée de rouler pour la gauche. Accusée de militantisme. Accusée d’entretenir une petite culture d’entre-soi confortable. Et pour se défendre ? Elle détourne le regard : « C’est pas nous, c’est CNews et Europe 1 ! Ce sont eux les coupables. »

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La ficelle est énorme. Car enfin, regardons les pratiques. On oublie que France Inter verrouille ses matinales avec toujours les mêmes chroniqueurs de gauche, les mêmes humoristes pas drôles, les mêmes obsessions idéologiques. Cette semaine encore, des cégétistes ont cloué au pilori Léa Salamé pour avoir osé inviter le cardinal Bustillo dans son 20h. Hier encore, Patrick Cohen réécrivait la mort de Thomas à Crépol et le meurtre du jeune Elias à Paris, comme si les faits devaient être tordus pour entrer dans le moule. 

Soyons sérieux : qui peut encore croire que Thomas Legrand ou Patrick Cohen incarnent une virginité journalistique immaculée ? Leurs parcours, leurs réseaux, leurs affinités politiques sont connus. Ce n’est pas un scandale en soi, mais c’est un biais assumé. Et c’est ce biais qui mine aujourd’hui la crédibilité de Radio France. Or parce que cette maison vit de l’argent public, elle a un devoir supérieur : celui de démontrer, noir sur blanc, sa neutralité.

Le vrai enjeu n’est pas cette querelle entre dirigeants du service public incapables d’assumer les dérapages de leurs éditorialistes. Le vrai enjeu, c’est la confiance du public. Et cette confiance, elle se gagne avec des preuves. C’est tout ce que les Français demandent.

Les mêmes voix progressistes monopolisent le micro

Car si Radio France prétend incarner le pluralisme, encore faut-il accepter l’épreuve des faits. Que Delphine Ernotte nous explique ce qu’elle entend lorsqu’elle revendique représenter la France « telle qu’elle voudrait qu’elle soit ». Qu’on nous dise pourquoi, à longueur d’antenne, ce sont toujours les mêmes voix progressistes, les mêmes fidélités socialistes qui monopolisent le micro. Pourquoi Gilles-William Goldnadel, qui vend des dizaines de milliers d’exemplaires de ses livres, n’a jamais droit de cité sur les ondes de ce qu’il appelle lui-même le « sévice public ». Pourquoi l’audiovisuel public n’accorde pas une seule ligne à la pétition lancée par Philippe de Villiers pour un référendum sur l’immigration, alors qu’elle frôle désormais les 800 000 signataires. 

Voilà la vraie exigence. Tout le reste n’est qu’un écran de fumée. Alors oui, que Radio France s’en prenne à CNews ou Europe 1 n’a rien de neuf. C’est même devenu un réflexe pavlovien Mais la vraie question est ailleurs. Elle est dans l’oreille de l’auditeur. C’est là que tout se joue. Car à la fin, ce n’est ni CNews ni Europe 1 qui jugeront Radio France. Ce sont les Français. Et eux, croyez-moi, ils ne se paient pas de mots. Ils paient 4 milliards d’euros. Pour un service public qui, au lieu d’informer, s’érige trop souvent en machine de propagande idéologique.