Il est un peu plus de 17h, lorsque je me rends place du Château, au pied de la cathédrale de Strasbourg. D’humeur sportive, j’ai eu envie de grimper les marches de la cathédrale pour prendre un bain de soleil avec un panorama à 360 degrés sur les alentours.

La cathédrale de Strasbourg est un chef-d’oeuvre de l’art gothique, et c’est d’autant plus impressionnant lorsque l’on sait qu’elle a été construite au Moyen Âge. La première pierre a été posée en 1015.

2 millions de visiteurs étaient venus la visiter en 2023, selon Pokaa. Vous avez aussi dû voir passer cet édifice dans les premières minutes du film Sherlock Holmes: A Game of Shadows, sorti en 2011. Si vous avez déjà visité Strasbourg, vous avez pu le remarquer: peu importe où vous vous trouvez dans la ville, vous finirez par l’apercevoir. Elle a été bâtie en plein cœur de la ville, si bien que toutes les rues amènent vers elle, inéluctablement.

L’ascension

Une fois passée l’entrée d’accès à la plateforme, il ne reste plus qu’à… monter. Et il va falloir s’armer de patience puisque ce sont 330 marches que je vais gravir. Les escaliers sont en colimaçon en pierre. L’accessibilité – si vous n’êtes pas une personne à mobilité réduite – est bonne et la structure est bien aménagée, les escaliers ne sont pas dangereux.

Tout au long de la montée, vous pouvez voir sur des ouvertures qui vous rapprochent un peu plus des éléments architecturaux de la cathédrale. 150 gargouilles sont disposées sur l’édifice et vous pouvez en contempler plusieurs, le temps de l’ascension. Les cloches se mettent soudainement à sonner et résonnent dans toute la ville. Un moment suspendu, hors du temps.

Une vue panoramique, option Vosges et Forêt-Noire

La dernière marche passée, je tombe nez à nez avec des cages d’écureuil. Elles font plusieurs mètres. Leur fonction première date de la construction: elles permettaient alors aux hommes de hisser des pierres volumineuses du sol jusqu’au sommet de la cathédrale. Les hommes se plaçaient dans la cage d’écureuil et grâce à leur force corporelle faisaient tourner la cage, ce qui permettait d’actionner la poulie et de faire monter les pierres à l’endroit voulu.

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Après les cages, deux petites marches (qui descendent cette fois) mènent vers l’extérieur. La récompense se trouve là, sous mes yeux. À 66 mètres du sol, le panorama est fabuleux et permet de voir avec exactitude les environs avec un autre angle de vue. À gauche se trouve, la vieille ville de Strasbourg qui date du Moyen Âge avec ses toits et ses maisons à colombages, facilement reconnaissables.

Plus loin, on peut apercevoir la Petite France et des églises telles que Saint-Pierre-le-Jeune et Saint-Pierre-le-Vieux (et pour les amateurs de football, on voit même la nouvelle tribune du stade de la Meinau). À l’horizon, la vue se dégage même jusque sur les Vosges.

À droite, une vue imprenable sur la Neustadt, construite à l’époque de l’occupation allemande. On observe la place de la République, les institutions européennes (Parlement européen et Conseil de l’Europe), l’église Saint-Paul, l’église orthodoxe russe, et en arrière-plan, la Forêt-Noire.

Modifier vos préférencesLa flèche culmine à 142,11 mètres

Être sur la plateforme permet aussi de se rapprocher de la flèche. Achevée en 1439, elle culmine à 142,11 mètres d’altitude. Durant quatre siècles, la cathédrale de Strasbourg était ainsi considérée comme le monument le plus élevé de toute la chrétienté.

D’ailleurs, si l’on en croit une anecdote historique, la flèche aurait tout aussi bien pu disparaître. En effet, en 1792, un boulanger strasbourgeois voulait que la flèche soit abolie. Son argument? «Elle nous oblige à lever la tête. Elle nuit au sentiment d’égalité que nous devons tous éprouver».

Une voix d’un autre citoyen s’était alors élevée: «Je propose qu’on la coiffe plutôt d’un bonnet phrygien, que je forgerai moi-même. Alors de l’autre côté du Rhin, les ennemis trembleront lorsqu’ils verront dans le ciel cet emblème de la liberté».

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Fait surprenant: contrairement aux tours jumelles généralement construites sur les cathédrales, Strasbourg n’en a qu’une seule. Plusieurs théories circulent à ce sujet sans que l’on sache vraiment laquelle est la plus proche de la vérité.

Si l’on en croit, le livre La grâce d’une cathédrale parue en 2013, l’une tient à la dimension économique: «Le coût énorme de la construction et l’épuisement des générosités», l’autre à une raison technique: avec des problèmes de «stabilité structurelle qui se sont posés au début du XXe siècle pour la tour nord et qui aurait affecté la suite du chantier». En effet, le sol humide dû à une nappe phréatique proche des fondations de la cathédrale est souvent mis en cause.

Une troisième théorie explorée dans le livre évoque «la fin de l’âge d’or de construction des cathédrales» et le met en lien avec d’autres préoccupations culturelles en Europe.

La seule donc tour qui domine Strasbourg est composée à 80% de vide pour «éviter la prise au vent» et fait 36 mètres. C’est désormais l’heure de redescendre par un autre escalier, plus dégagé. Attention au vertige.