Oliver Laxe signe avec « Sirât » sorti le 10 septembre une fable sensorielle et métaphysique, entre quête familiale et apocalypse imminente. Porté par une mise en scène envoûtante et une bande-son électro hypnotique, le film a été récompensé par le Prix du jury au dernier Festival de Cannes.

Des enceintes géantes sont installées au cœur des montagnes du sud du Maroc. Elles crachent de la musique électro saturée de basses pour le plus grand plaisir de ravers qui entament une grande fête dans le désert. C’est là que Luis, accompagné par son fils Esteban, recherche sa fille aînée qui a disparu il y a plusieurs mois.

La police marocaine arrive alors et interrompt la rave. Plusieurs fêtards parviennent à s’enfuir en caravane, suivi par Luis qui les accompagne dans un road-trip censé le mener vers sa fille. Alors que le père s’ouvre lentement à la marginalité de ses co-voyageurs, les radios annoncent le début d’une Troisième Guerre mondiale.

Sirât, un pont entre deux mondes

Empruntant son titre au nom du pont qui, pour l’islam, relie l’enfer au paradis, « Sirât » emporte spectatrices et spectateurs dans un périple aux confins du désert qui n’est pas sans rappeler « Le salaire de la peur », voire une version minimaliste de « Mad Max ».

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Une transe visuelle et sonore… jusqu’à l’excès

Distillant à petites doses les informations sur ses personnages, le cinéaste franco-espagnol Oliver Laxe construit un film plus proche de la fable métaphysique que du drame psychologique, avant une scène de rupture d’une brutalité dévastatrice. Ce parti pris audacieux lui a valu le Prix du jury au dernier Festival de Cannes, ex-aequo avec « Sound of Falling » de Mascha Schilinski. On devine, entre ce père à la recherche de sa fille et ces ravers vivant en communauté, un questionnement sur la famille, celle que l’on fuit, celle que l’on veut retrouver, celle que l’on a choisie.

Envoûtant, planant, hypnotique, « Sirât » s’affirme rapidement comme une véritable bombe cinématographique, à la fois philosophique et physique. Porté par une tension permanente, le résultat force l’admiration, semblable à une ultime transe au milieu d’un paysage calcaire, un tour de piste final d’une humanité qui n’a plus qu’à rouler sur un chemin chaotique… vers nulle part.

Note: 5/5

Rafael Wolf/sf

« Sirât » d’Oliver Laxe, avec Sergi López, Bruno Núñez, Jade Oukid, Tonin Janvier. A voir dans les salles romandes depuis le 10 septembre 2025.